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LE SYNDICAT

États généraux de la presse écrite

Sept propositions sur la formation des journalistes

Pôle "Métiers du journalisme", contribution du SNJ

Le tour de table auquel s’est livré le groupe de travail le 16 octobre a largement souligné la nécessité de retrouver la confiance du public, par le biais d’une information pluraliste, de qualité, vérifiée et mise en perspective. L’expression « rôle d’expertise » a ainsi été employée. Cet objectif partagé implique que les journalistes possèdent un niveau de culture sans cesse actualisé, qu’ils maîtrisent bien les fondamentaux de la profession (sens de l’information, respect de la vérité et des personnes, déontologie, droit de la presse, capacité d’analyse, conduite de l’investigation, priorité donnée à l’enquête sur le terrain...) et qu’ils sachent s’adapter à l’évolution de leur métier.

Dans le même temps, on constate que la fraction de journalistes sortant d’une école professionnelle est de l’ordre de 20% toutes formes de presse confondues, 12% si l’on se limite à la presse écrite. C’est en effet une des caractéristiques de la profession que d’être très largement ouverte, et pratiquement tout le monde s’accorde à dire qu’elle doit le rester.

Ce double constat montre l’importance qu’il faut donner à ce que chaque journaliste - quels que soient son origine sociale, professionnelle et le contrat qui le lie a son, ou ses, employeur(s) - ait l’accès le plus large à la formation. Ce qui sous-entend une même attention et un même souci d’efficacité portés à la formation initiale et à la formation « tout au long de la vie ». Ce qui sous-entend également qu’un soin particulier soit apporté à ce que les journalistes précaires, beaucoup trop souvent écartés de la formation pour des raisons financières ou de disponibilité, bénéficient eux-aussi des dispositions en vigueur.

La profession peut aujourd’hui compter sur un dispositif élaboré et complet (CPNEJ, Observatoire des métiers, Opca...), siège d’un paritarisme constructif et le plus souvent consensuel. Ce dispositif s’attache à la fois à conduire la réflexion sur les besoins en matière de formation, la définition des contenus, la reconnaissance et le suivi des cursus, l’organisation des financements. Pour autant, il n’est pas utilisé autant qu’il pourrait l’être par les entreprises, qui ne privilégient pas toujours les écoles reconnues dans leurs plans de formation ou de reconversion, et ne les favorisent pas forcément dans leurs choix de versement de la taxe d’apprentissage.

Il est vrai que, l’attractivité de la profession aidant, l’offre de formation peut paraître à la fois disproportionnée et brouillonne. Pour autant, le problème ne se situe pas au niveau des douze écoles actuellement reconnues (qui pourraient passer à une vingtaine compte tenu des demandes de reconnaissances en cours), mais résulte bien de l’existence de dizaines d’autres formations qui n’ont souvent de journalisme que le nom, et cultivent une approche de l’information et de la profession qui ne correspond que très partiellement aux objectifs rappelés plus haut. En outre, bien qu’elles soient parfois très onéreuses, ces formations contribuent à détourner une part non-négligeable des financements qui font ainsi défaut aux écoles reconnues.

L’un des axes de réflexion de notre groupe de travail pourrait donc être d’en appeler à une mobilisation beaucoup plus grande de la profession autour de ce dispositif de formation qui lui est propre et, dans cet objectif, de formuler un certain nombre de propositions :

-  Une réaffirmation de la priorité donnée aux écoles reconnues par la profession, selon les critères établis par la CPNEJ pour la formation initiale, et annexés à la convention collective nationale de travail des journalistes ;
-  L’extension de ces critères de reconnaissance de la formation initiale à certaines formations continues, notamment pour les nouveaux venus dans la profession ;
-  L’étude de la possibilité de faire reconnaître par l’Éducation nationale les diplômes délivrés par les écoles reconnues ;
-  La mise à l’étude d’un dispositif qui incite davantage les entreprises à avoir plus systématiquement recours aux écoles reconnues pour la mise en œuvre de leur plan interne de formation, ou d’un plan de reconversion de salariés venant d’autres catégories professionnelles ;
-  Une incitation des pouvoirs publics, sous une forme restant à définir, à une participation accrue des entreprises de presse au financement des écoles reconnues ;
-  L’entrée en vigueur immédiate du dispositif de mutualisation des fonds de formation pigistes, élaboré par les partenaires sociaux et faisant l’objet d’un consensus entre eux, qui doit permettre à ces journalistes (20% de la profession) d’avoir accès aux dispositions légales sur la formation, notamment celles contenues dans la loi de 2004 ;
-  La reconnaissance du rôle spécifique joué par l’OPCA Médiafor dans la mise en œuvre de la formation des journalistes, par un ensemble de dispositions qui lui assurent le maintien de son autonomie de décision, de fonctionnement, et de gestion, selon les règles du paritarisme en vigueur au sein de la profession.

Alain GIRARD

Le 22 octobre 2008

Complément apporté à l’issue de la réunion du 23 octobre

1/ L’accès à la formation. Dans une profession fondamentalement ouverte - et qui tient à le rester - il n’est pas souhaitable d’isoler plus longtemps la formation initiale de la formation continue. Celle-ci a un rôle important à jouer auprès des 75 à 80% de journalistes qui ne sont pas passés par la première. Le groupe de travail pourrait proposer, comme cela a été évoqué, la mise en place d’une « plate-forme » réunissant les écoles reconnues, afin de former tous les journalistes n’ayant pas connu de formation initiale, dans les trois premières années d’exercice de la profession. Le soin de définir la durée, le contenu et les modalités de cette formation pourrait être confié à la CPNEJ.

2/ L’offre de formation. Grande question qui fait débat à tous les niveaux de la profession ; y a-t-il trop d’écoles reconnues ? Le nombre total de formations au journalisme peut effectivement paraître disproportionné, compte tenu des possibilités de recrutement particulièrement faibles, du fait du non-remplacement des journalistes qui partent (retraite ou clause de cession,) et aussi des nombreux reclassements de salariés venant d’autres catégories professionnelles, qui « préemptent » une partie des postes libérés.

Ce constat, d’un trop grand nombre de diplômés par rapport à l’offre, ne doit toutefois pas conduire à un amalgame contre-productif entre les formations diverses, dont certaines ont un contenu assez douteux, et les écoles reconnues pour lesquelles les critères viennent d’être rendus plus contraignants, dans un but de qualité, d’efficacité et de diversification sociale. Limiter leur nombre ne servirait qu’à favoriser les autres, et irait à l’encontre de cette recherche d’une meilleure adéquation entre formation et besoins des entreprises, qui est en débat permanent dans les instances paritaires comme la CPNEJ ou l’Observatoire des métiers. C’est un peu comme si, dans une classe moyenne, on enlevait des bons élèves pour diminuer le taux d’échec aux examens. Ça n’aurait pas de sens.

La proposition du SNJ est, au contraire, que la profession dans son ensemble se mobilise beaucoup plus autour de son dispositif de formation et des écoles qui s’en dégagent, ainsi que le SNJ l’a déjà exprimé dans sa contribution déposée la semaine dernière (lire ci-dessus). Il est en effet très dommage d’entendre ici les responsables d’écoles reconnues déplorer un déficit de dialogue, de coopération et de compréhension de la part d’une grande partie des entreprises de presse.

3/ Le financement de la formation. Actuellement, la profession ne renvoie guère plus de 15% de sa taxe d’apprentissage vers les écoles de journalisme. Les raisons sont diverses, à commencer par la force de l’habitude, des réseaux, et la méconnaissance de ces écoles. La proposition de créer un organisme chargé de collecter la taxe d’apprentissage auprès des entreprises de presse, et de la redistribuer aux écoles reconnues, paraît intéressante et mérite d’être retenue. Cet organisme pourrait être accolé à Médiafor, l’actuel OPCA chargé de recueillir et redistribuer les financements obligatoires de la formation ((CIF, DIF, professionnalisation...), à moins qu’il soit tout simplement possible d’ajouter la perception de la taxe d’apprentissage aux compétences de Médiafor. Cette proposition demande à être examinée sans retard, le gouvernement préparant un projet de loi qui doit réformer l’ensemble des dispositions organisant la formation et son financement.

Toujours à ce chapitre, se pose la question d’une plus grande « socialisation » des études de journalisme, et donc de l’accès aux bourses pour les étudiants qui ne peuvent assumer seuls les frais élevés de la scolarité. Une question qui n’est pas sans conséquence sur le profil des jeunes diplômés et « l’uniformité » de pensée regrettée par certains. De la même manière que les partenaires sociaux ont imaginé un « guichet unique » au sein de Médiafor pour les pigistes souhaitant se former, pourquoi ne pas utiliser cet organisme pour gérer un système de bourses inspiré de celui que les écoles associatives ont mis en place, mais plus global et faisant intervenir l’État.

le 22 Octobre 2008

accès pour tous