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Carte de presse

Carte n°1

Hommage au « premier d’entre nous »

Extrait du Journaliste n°287-288 (4e trim. 07-1er trim. 08).

A 86 ans, notre confrère Jacques Alexandre connaît depuis quelques temps un tardif regain de notoriété. Titulaire de la carte n° 1 (attribuée en décembre 1945), il avait été associé en 2004 à la réception organisée par la Commission de la carte (CCIJP), à l’occasion de l’émission du n°100 000 (Le Journaliste n° 273).

Le 29 novembre dernier [2007, ndlr], c’est le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, qui l’honorait, sous l’impulsion de l’Association des journalistes parlementaires. Sous les ors de l’hôtel de Lassay, les hommages se sont succédé, et le « premier d’entre nous », plein d’humilité (« Je ne suis pas un héros. C’est le hasard alphabétique »), a démontré qu’il n’avait pas perdu la combativité qui fut sans doute pour beaucoup dans ses activités au sein de la Résistance, puis syndicales (à FO)… et dans son éviction de France Inter après mai 68. S’inquiétant de la crise de la presse et des rumeurs de privatisation de France 2, Jacques Alexandre a relayé la proposition d’un « Grenelle de la presse ».

Le bureau de la CCIJP ayant été invité, nous avons, autour du meilleur champagne, échangé avec de nombreux confrères, des plus expérimentés aux plus jeunes, et vérifié l’attachement de la profession à sa carte, notamment celle des honoraires… Ironie de l’actualité, derrière l’une des caméras qui couvrait l’événement, se trouvait Bérangère Dunglas, carte de presse n° 100 000, qui, depuis quatre ans, enchaîne les CDD à France 3… Comme le conclut la dépêche AFP, « les temps ont bien changé et la précarité a gagné du terrain ».

E.M.


La dépêche AFP

“Hommage à Jacques Alexandre, carte de presse n°1, le « Premier d’entre nous »

Par Samir TOUNSI

Paris, 29 nov 2007 (AFP) – Jacques Alexandre, 86 ans, titulaire de la carte de presse numéro 1, a feuilleté avec nostalgie l’album de 60 ans d’histoire du journalisme à la Française jeudi, et souhaité, lors d’une réception en son honneur à l’Assemblée, un « Grenelle de la presse » face à la crise du métier.

« Je ne suis pas un héros. C’est le hasard alphabétique », a déclaré « le premier d’entre nous », comme le surnomment certains journalistes, en écrasant une larme d’émotion, à l’heure d’être reçu par l’Association de la presse parlementaire et sa présidente Sophie Huet (Le Figaro).

C’est aussi un peu le hasard qui a conduit l’ex-résistant, engagé dans le massif du Vercors, vers la Radiodiffusion française (RDF) en 1945, à l’époque de l’épuration.

A 23 ans, Jacques Alexandre commence à enregistrer des bulletins d’information et décroche la toute première carte de presse d’après-guerre (la carte professionnelle a été instituée par une loi du 29 mars 1935).

Les pressions du pouvoir, le placard après mai-68, le démantèlement de l’ORTF : sa carrière de journaliste politique va de la Libération à la naissance des radios libres, a relevé le président de l’Assemblée Bernard Accoyer (UMP).

« L’Elysée téléphonait souvent à Jacqueline Baudrier (ndlr : rédactrice en chef à l’ORTF dans les années 60, puis premier PDG de Radio France) pour lui dire qu’un passage de ma revue de presse était déplaisant pour le chef de l’Etat », se souvient-il.

Après mai 68, le responsable de FO se retrouve au placard pour quelques mois pour avoir fait grèves et battu l’estrade. « Quand j’ai été foutu à la porte, j’ai reçu une enveloppe marquée : « France Inter vous suit partout en musique ! » ».

M. Alexandre revient par la petite porte, sur ce qui sera Radio France Internationale (RFI).

Journaliste parlementaire, il couvre le Congrès d’Epinay, acte de naissance de l’actuel Parti socialiste en 1971. Un souvenir fort : « C’est la première fois que je voyais tant de journalistes et tant d’orateurs ».

En 1974, le syndicaliste assiste avec désarroi à l’éclatement de la vieille ORTF en sept entités distinctes (Radio France, TF1…) : « C’était une vente aux enchères », déplore-t-il, en s’inquiétant d’une éventuelle privatisation de France 2 aujourd’hui.

« La presse subit une grave crise aujourd’hui. Pourquoi ne pas créer un Grenelle de la presse ? », s’est-il demandé devant le président de l’Assemblée, un proche du chef de l’Etat, et sous les applaudissements de ses confrères.

Parmi eux, Bérangère Dunglas, carte de presse numéro 100.000. La jeune rédactrice de France 3 enchaîne les CDD depuis sa sortie de l’Institut pratique du journalisme en 2003. La jeune femme vient de reprendre une formation de JRI.

Les temps ont bien changé et la précarité a gagné du terrain.”

le 01 Mars 2008

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