Du social, forcé et à petites doses...

Compte-rendu de la réunion "EBRA-Servces" du 14 janvier 2020 par les délégués SNJ du groupe EBRA.

Sans le drame survenu début décembre aux Dernières Nouvelles d’Alsace, cette réunion du 14 janvier en présence de Philippe Carli, exceptionnelle compte-tenu des circonstances, sur la « prise en compte des attentes et des inquiétudes » des salariés, aurait-elle réellement eu lieu ? La direction du groupe semble se découvrir une responsabilité sociale dans les transformations en profondeur qu’elle mène dans chacun de nos titres. Au pas de charge. En regardant jusque-là, d’un oeil distant, les nombreuses alertes déclenchées par les organisations syndicales et les instances représentatives. Et confirmées par les interventions d’inspections et médecins du travail.

Philippe Carli et Valérie Noël veulent effacer deux années d‘attentisme en promettant « d’identifier de façon claire et objective les remontées d’informations du terrain sur les difficultés rencontrées et y apporter des solutions ». Le grand patron de ce groupe EBRA qui impose cette marche forcée veut développer des cellules d’écoute « risques psycho-sociaux » dans les titres en s’appuyant sur l’expertise d’un psychologue clinicien qui échangera avec des salariés ; veut « aligner le management », c’est-à-dire mieux former et accompagner les cadres afin d’améliorer les fonctionnements et limiter les « comportements déviants ou toxiques » ; et enfin « donner toute sa place et toute sa performance à la rédaction, très chamboulée par la mise en place du Digital First ».

« Identifier les RPS n’est pas un projet d’entreprise »

Mais attention, il ne faut pas abuser. On ne va pas faire des RPS le sujet central de nos discussions. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’intervention de Philippe Carli : « Avoir une démarche d’identification des RPS, c’est nécessaire mais ça ne peut pas être un projet d’entreprise. Il faudra que l’on définisse ensemble un nouveau pacte social ». C’est-à-dire un « vivre-ensemble » qui place les conditions et l’organisation du travail des salariés en pole position des préoccupations ? Valérie Noël défend une autre définition : « Il faut rendre prégnant ce que c’est que d’appartenir à un titre, à un groupe ».

A l'humain, Philippe Carli oppose systématiquement chiffres. Aux larmes d'une syndicaliste émue par les évènements survenus aux DNA, Philippe Carli hausse le ton et rétorque économies d’échelle, socle de cet engagement qu’il a pris auprès du Crédit Mutuel de ramener EBRA à l’équilibre. « Je vous l’ai dit dès le départ, quand je suis venu dans vos titres, que ça allait être difficile (…) Qu’on allait traverser une tempête. On sera moins nombreux à la fin (...) Aujourd’hui, nos titres sont dans une situation meilleure. Le redressement se confirme. Entre – 15 et – 17 M€ en 2019 ».

Le Pdg d’EBRA espère un retour à l’équilibre en 2021. Grâce aussi au soutien du Crédit Mutuel qui « a recapitalisé nos titres début 2019 ». Nous renvoie en quelque sorte à une responsabilité commune vis-à-vis de cet actionnaire qui nous veut du bien. Finance cette transformation qui concasse nos cultures d’entreprise et l’essence de nos professions. Le patron d’EBRA convient que les salariés ont pu perdre leurs repères. Questionne : « Est-ce que nous sommes de simples producteurs de contenu ou est-ce que notre métier de journalistes est toujours là ? », Et agit, en programmant un « audit sur le Digital en vérifiant ce qui a été mis en place par rapport au projet initial ». Une introspection qu’il veut confier au service DRH et… marketing !!!

« Quelles que soient les organisations et les outils, notre métier, c’est d’informer », assure le Pdg d’EBRA. Tout en développant une stratégie qui dégrade les conditions de travail, augmente la charge de travail et réduit les effectifs, ne revalorise pas l’investissement des équipes et dilue l’information vérifiée dans un volume toujours grandissant de prestations événementielles et partenariats en tous genres…