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Section SNJ Radio France

France Bleu est malade, mais la direction temporise


Le rapport dévoilé ce mercredi 1er décembre n’est pas définitif mais il est déjà édifiant. Le cabinet d’expertise Isast, mandaté par les élus des CSE de Radio France, est sans appel : à France Bleu, la situation est grave et oblige la direction à prendre des mesures immédiates et efficaces, car sa responsabilité pénale est engagée. L’expert fait d’ailleurs le parallèle avec la situation de souffrance au travail connue chez France Télécom.

Son rapport pointe d’abord une charge et des horaires de travail beaucoup trop éloignés de la loi. Dans les rédactions, service où les amplitudes horaires ont le plus explosé, 56% des journalistes disent dépasser largement les 42 heures par semaine. Près d’un journaliste sur dix affirme même travailler plus de 50 heures hebdomadaires.

Ces écarts avec le cadre légal sont plus marqués encore chez les collègues précaires (CDD et piges). Et les cadres intermédiaires, dont les rédacteurs en chef, ne contesteront pas ces chiffres car ils sont aussi en surrégime.

Ces excès horaires ont des effets directs sur la santé des journalistes. Un sur deux estime que son état de santé est « moyen », voire « mauvais ». Et c’est à cause du travail pour deux tiers des journalistes. C’est particulièrement vrai chez ceux qui ont passé la quarantaine.

A cela s'ajoutent des rapports de plus en plus tendus dans les stations, avec des agressions verbales et des situations de harcèlement moral. Derrière ces chiffres et ces descriptions, il y a des réalités humaines qui touchent tous les métiers de Bleu et que l’expert constate : des burn-out, des crises de larmes, des traitements médicamenteux, parfois même des idées suicidaires.

Que ces extrêmes ne soient pas la règle - encore heureux ! - ne doit pas masquer l'autre enseignement majeur de l'expertise : un lien direct entre les décisions de la direction du réseau, la charge de travail, la dégradation des rapports humains et de la santé des salariés. Le problème est "systémique", dit l'expert.

Si vous allez mal, si vous travaillez trop, ce n'est pas de votre faute. C'est la conséquence de l'organisation mise en place dans le réseau. C’est le résultat logique d'un système qui nous demande de faire toujours plus, à moyens égaux ou en baisse. C'est le vrai visage de France Bleu.

Pourtant, la direction de Radio France se refuse aujourd'hui à remettre en cause ce fonctionnement délétère. En CSE central extraordinaire ce mercredi, elle s'est certes engagée à régler rapidement ce qu'elle appelle les « situations aberrantes », c'est-à-dire les plus manifestement illégales et dangereuses (comme des pigistes qui travaillent 14 jours d’affilée). Mais pour tout le reste, la direction veut… refaire un audit !

Il est question d’une analyse organisationnelle de France Bleu - avec un cabinet privé - pour revoir le lien entre le local et le national. Le dernier point de son plan est de travailler avec l’Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT) sur l’évaluation de la charge de travail, avec un test dans deux stations pour commencer.

Temporiser et tenter de tourner le dos à la réalité ne résoudra évidemment rien. Assez perdu de temps (les alertes remontent à août 2019), il faut agir et vite !

Pas besoin de multiplier les réunions pour savoir que c'est l’adéquation entre les moyens et les ambitions qui détermine la charge de travail. La première étape pour y arriver est de lever les obligations (double matinale, nouvelle éco, 100% sports...) qui contraignent tout le reste. C'est urgent et indispensable pour faire baisser la pression sur toutes les équipes.

 

Paris, le 04 Décembre 2021

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