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Communiqués de presse

Gilets jaunes : s’en prendre aux journalistes, c’est tourner le dos à la démocratie


Des menaces, des quolibets, des insultes, sur les réseaux sociaux et dans les manifestations, et désormais des agressions physiques sur le terrain. Depuis le 17 novembre, et le début du mouvement des Gilets jaunes, les actes de violences se sont multipliés à l’égard des journalistes, accusés d’être « à la solde du pouvoir », et responsables de tous les maux de la société.

Après les premiers incidents du samedi 17 et des jours suivants –reporters pris à partie, encerclés, interpellés voire bousculés, et cette image d’un œuf écrasé sur la tête d’un journaliste de BFMTV en plein direct– qui avaient déjà conduit les directions des chaînes d’info à prendre des mesures pour protéger leurs reporters, une violence décomplexée s’est déchaînée ce samedi, contre plusieurs équipes de télévision, les plus visibles et les plus exposées­, mais pas uniquement.

Ainsi, à Béziers samedi matin, un groupe d’environ 300 Gilets jaunes s’en est pris à la rédaction de Midi Libre. Un confrère a reçu des coups, et la poignée de la porte de l’agence a été cassée quand des manifestants ont tenté de pénétrer de force dans les locaux. Mais l’incident le plus grave s’est produit à Toulouse, dans l’après-midi, quand trois journalistes de C-News et BFMTV ont échappé à une tentative de lynchage, sur la place du Capitole, de la part d’une centaine de personnes, sans l'intervention des forces de l'ordre.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, dénonce et condamne avec la plus grande fermeté ces exactions indignes d’une démocratie. Quand des consoeurs et confrères sont contraints de ne plus afficher leur appartenance à telle ou telle chaîne, que des reporters ne peuvent plus aller couvrir une manifestation sans la présence d’un vigile, c’est un vent mauvais qui souffle sur la liberté de la presse.

Le SNJ dénonce et condamne la haine des médias entretenue par des courants politiques de divers bords, qui sont en partie responsables de ce climat délétère à l’égard de la profession. Et qui devront rendre des comptes en cas d’incident grave.

Le SNJ se portera en justice aux côtés de toutes les consoeurs et tous les confrères qui souhaiteront porter plainte.

Le SNJ exige des pouvoirs publics que des mesures soient prises pour assurer la sécurité des journalistes partout sur le territoire, au nom de la liberté d’informer, et demande à être reçu d'urgence par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, pour que des consignes soient données aux forces de l'ordre.

Le SNJ appelle les Gilets jaunes à la raison, en particulier les initiateurs des événements organisés partout en France, afin d’éviter les dérapages et les violences, qui restent le fait d’une infime minorité, et de garantir la sécurité des journalistes dans ces rassemblements.

Le SNJ, qui dénonce et combat quotidiennement, dans les rédactions, la « mal-information », peut comprendre la défiance d’une grande partie de la population vis-à-vis de la profession. On peut bien sûr être en désaccord avec la ligne éditoriale de tel ou tel média, mais la violence verbale ou physique n’est pas acceptable.

Enfin, l
e SNJ appelle la profession à prendre le recul nécessaire, en toutes circonstances, pour rendre compte de l’actualité avec la plus grande objectivité, dans le respect de la hiérarchie de l’information et de nos règles éthiques. Seule la qualité de l’information, son honnêteté et son pluralisme, pourront permettre de réduire la fracture entre la profession et une grande partie de nos concitoyens.
 

Paris, le 25 Novembre 2018

Thèmes : Liberté

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