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Pigistes, Formation

Conférence nationale des métiers du journalisme

Journalistes pigistes et formation : du positif dans un océan de problèmes

CNMJ


La Conférence nationale des métiers du journalisme (CNMJ) organisait le 26 janvier à Paris une table ronde sur « Les journalistes et les droits sociaux. Quels dispositifs d’accès à la formation » ? Premier à prendre la parole, un responsable de l’association « Profession pigistes » a souligné que les journalistes à la pige connaissent peu leurs droits, notamment pour la formation, alors qu’ils doivent s’adapter aux besoins évolutifs de la presse et donc se former. Il a déploré les mauvaises pratiques des entreprises en particulier pour le paiement du travail commandé et a interpellé les écoles sur le manque de cours spécifiques dédiés aux problématiques du travail à la pige.

Les représentantes de l’Afdas et du SNJ ont rappelé les acquis en matière de formation des journalistes pigistes: un accord en presse (récemment étendu) permettant de mutualiser les obligations financières légale et conventionnelle des employeurs à l’Afdas, qui gère les fonds avec une commission pigistes paritaire; un accord dans l’audiovisuel avec des dispositions spécifiques pour les journalistes pigistes qui doivent également s’adresser à l’Afdas. Cet organisme informe les intéressés via son site www.afdas.com, une newsletter dédiée, des dépliants et lors de rendez-vous avec des conseillers au siège à Paris et dans les délégations régionales. Le représentant du Centre national de reclassement des journalistes a cependant déploré un manque de collaboration avec son organisme qui suit des demandeurs d’emploi dont de nombreux journalistes pigistes jonglant entre chômage et piges.

Un programme d’aide au retour à l’emploi permettant d’accéder à une formation, une reconversion, au maillage de son réseau… est proposé par la Caisse de retraite de retraite et de prévoyance Audiens, à laquelle cotisent tous les journalistes pigistes, a indiqué la représentante de cet organisme. Elle en a profité pour rappeler le lancement en 2016 du régime conventionnel de complémentaire santé, partiellement financé par les employeurs, suite à l’accord signé en 2015 par les fédérations patronales de presse et les syndicats de journalistes. Cet accord a été étendu par le ministère du Travail et tous les journalistes pigistes peuvent s’y affilier. Des dépliants ont été envoyés et des informations sont disponibles sur le site www.audiens.org ainsi que sur celui du SNJ www.snj.fr

La militante représentant le SNJ s’est réjouie de l’existence des accords formation pigistes presse, formation dans l’audiovisuel et complémentaire santé pigistes, tous les trois longuement négociés et signés par le SNJ. Mais elle a dénoncé les difficultés rencontrées quotidiennement par les journalistes pigistes notamment avec la remise en cause de leurs droits sociaux par les employeurs : recours forcé à l’auto-entreprenariat, paiement abusif en droits d’auteur, non respect des droits légaux en particulier en cas de licenciement de fait, non respect de la convention collective pour  l’ancienneté ou le complément de salaire à verser en cas d’arrêt de travail pour raison médicale, absence de barèmes de pige dans plusieurs formes de presse…

Mais combien de journalistes sont rémunérés à la pige ? Pour 2015, la Commission de la carte des journalistes professionnels a délivré 7515 cartes « pigistes » en cumulant les demandeurs travaillant à la pige et ceux en CDD donc sans employeur fixe. Audiens en compte beaucoup plus en recensant les journalistes pigistes non encartés et des « pigistes » travaillant hors journalisme, dans la communication ou l’édition notamment. Les statistiques de la CCIJP montrent par ailleurs que si les renouvellements de carte concernent bien une majorité de journalistes mensualisés, celles attribuées au titre d’une première demande concernent elles en très grande majorité des journalistes pigistes. Illustration de la forte dérive dans les pratiques d’embauche et de la réduction des équipes permanentes des rédactions !

A la lumière d’une étude longitudinale des parcours des journalistes, le Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias  a constaté que la carrière des journalistes n’atteint que 15 ans en moyenne. Et que les journalistes pigistes sont en moyenne plus diplômés que les journalistes en poste ! La chercheure du Carism, présente, a noté une multiplication des stages, sur deux ans en moyenne cumulée, avant l’entrée officielle dans la profession avec une distorsion sur le marché de l’emploi là notamment où les remplacements étaient précédemment pourvus par des journalistes en CDD. Une autre dérive à combattre !

C. B. et M. R.

 

le 26 Janvier 2017

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