Formulaire de recherche


SNJ - 33 rue du Louvre - Paris 75002 - 01 42 36 84 23 - snj@snj.fr - Horaires


Communiqués de presse

La République à un doigt du déshonneur


Sept reporters, photographes ou vidéastes, molestés ou victimes de coups de matraques le samedi 13 avril à Toulouse ; plusieurs journalistes blessés et deux photoreporters interpellés le samedi 20 avril, à Toulouse et Paris. Depuis le 17 novembre et les premières manifestations des « Gilets jaunes », les samedis se suivent et se ressemblent, dans une forme d’escalade des violences policières, sur les manifestants, et aussi de façon ciblée, sur les journalistes. A l’heure où on embarque des confrères qui tentent de faire leur travail, le constat est amer : la liberté d’informer, en France, aujourd’hui, n’est plus garantie.

Dès le 30 novembre, les syndicats de journalistes, reçus par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, avaient tiré la sonnette d’alarme. Les promesses d’alors n’ont pas été tenues. Les nombreux signalements à l’IGPN d’incidents divers n’ont pas, à ce jour, été suivis d’effets. On ne compte plus les journalistes bousculés, matraqués, gazés, blessés par des tirs de LBD ou des éclats de grenades de désencerclement, le matériel de protection confisqué, les appareils photos cassés. Notre confrère David Dufresne a recensé près de 80 cas depuis décembre. Un chiffre en-deça de la réalité : certains journalistes n’ont pas souhaité se faire connaître.

Mais une nouvelle étape a été franchie samedi, avec l’arrestation de deux reporters connus pour couvrir notamment les mouvements sociaux, au plus près du travail des forces de l’ordre. Alexis Kraland est resté huit heures en garde à vue. Pour quel motif ? Le fait qu'il lui ait été reproché d’avoir en main une caméra qualifiée « d’arme par destination » lors de son interpellation, ne peut qu’inquiéter.

Gaspard Glanz, 48 heures, pour un doigt d’honneur. Il n’avait certes pas à faire ce geste malgré un contexte de tension extrême. Mais ce qui s’est passé ensuite relève de l’intimidation, de l’abus de pouvoir, voire du règlement de comptes vis-à-vis d’un reporter bien identifié, dont le travail gêne la police, sa hiérarchie, le pouvoir.

S’il n’est pas titulaire de la carte de presse, il ne fait aucun doute que Gaspard Glanz pratique une activité journalistique, avec un œil militant, sans doute, mais comme bien d’autres. Ses photos sont publiées régulièrement par de nombreux médias. Gaspard Glanz n’a rien d’un « black-bloc ». Ce n’est d’ailleurs pas ce que lui reproche le parquet, qui a pris soin de renvoyer sa comparution pour outrage au mois d’octobre, pour pouvoir lui coller un contrôle judiciaire qui l’empêchera de travailler.

Dans ce contexte de répression de la liberté d’informer, le SNJ, première organisation de la profession, va de nouveau, comme en décembre dernier, saisir le Conseil de l’Europe, en répertoriant ces faits inadmissibles sur la plateforme pour la protection et la sécurité des journalistes.

Membre de l’Union syndicale Solidaires, le SNJ s’interroge sur le comportement de la France qui a rejeté les critiques de l’ONU sur l’usage excessif de la force contre les « Gilets jaunes », et conteste les lois liberticides votées par l’Assemblée nationale restreignant la liberté de manifester.

Le SNJ recommande à toutes les consoeurs et confrères victimes de violences policières d’effectuer les signalements à l’IGPN et d’en garder trace, et les appelle à contacter le syndicat pour rejoindre la plainte collective. Le SNJ attend une réaction de ce gouvernement, pour le respect de l’Etat de droit, et une parole forte du Président de la République, lui aussi garant de la liberté de la presse dans ce pays.
 

Paris, le 25 Avril 2019

Thèmes : Liberté

accès pour tous