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Communiqués des sections
Section SNJ AFP

Lettre ouverte des représentants du personnel au conseil d’administration de l’AFP


Représentants du personnel au Conseil d'administration (CA) de l'AFP, nous sommes inquiets de l'attitude de l'Etat à l'égard de notre Agence, tant nous sommes confrontés au double langage des pouvoirs publics s'agissant de son avenir.

L'AFP a un statut particulier à nul autre pareil : elle n'est ni une entreprise privée, ni une entreprise publique. Son Conseil d'administration est composé de représentants de la presse quotidienne régionale, de l'audiovisuel public, de personnalités qualifiées et de trois représentants de l'Etat (Bercy, Culture, Affaires étrangères), ainsi que de nous trois, élus par le personnel.

Il n’échappe à personne que depuis des décennies, l'Etat suit de près la gestion de l'Agence par le biais de ses représentants. Et pourtant, force est de constater que ce Conseil d'administration est conçu, par les uns et par les autres, comme une chambre d'enregistrement.

Membres de ce CA, nous avons été bien seuls à exprimer nos doutes sur tel ou tel budget que tous pensaient pourtant infaisable car irréaliste. La faute à la crise traversée par la presse, l'obligation de présenter un budget à l'équilibre… Résultat, nous sommes aujourd'hui dans une situation intenable.

Au cours des réunions, nous avons entendu les représentants de l'Etat dire leur soutien à l'Agence, conseiller telle ou telle option pour trouver un financement, nous assurant que nous cochions toutes les cases pour l’obtenir. Nous pouvions, disaient-ils ainsi le 4 octobre dernier, espérer une aide importante du Fonds de transformation de l'action publique. Mais en fin de semaine dernière, la réalité était tout autre. En définitive, nous n'étions pas éligibles et notre dossier n'a même pas été examiné.

Que faut-il en déduire, si ce n'est un double langage ? – car il ne s’agit tout de même pas d’amateurisme. Que cherche l'Etat ? Veut-il nous voir disparaître ? L'AFP est une des trois agences internationales, la seule européenne face à ses deux concurrentes nord-américaines, AP et Reuters.

Nous ne pouvons pas accepter d'être méprisés ainsi et de voir l'avenir de cette agence obéré.

L'information n'est pas un bien comme les autres. Elle a un coût et peu ou pas de rentabilité. Nous investissons beaucoup pour être partout, conformément à nos statuts et à la volonté du législateur, afin de fournir une information vérifiée et sourcée à nos clients. C'est un luxe, peut-être, mais il en va de la démocratie alors que les fake news polluent tous les secteurs de la société dans le monde entier.

Pour toutes ces raisons, nous demandons à l'Etat de clarifier au plus vite sa position vis-à-vis de l'AFP, car il existe une solution : la compensation à 100% de la mission d'intérêt général (MIG). Cette MIG, prévue dans les statuts de l'Agence, est financée par l'Etat. Or, l'Etat n'abonde pas cette mission à 100% depuis sa création. Nous demandons donc légitimement à l'Etat une compensation à 100% de la MIG avec rétroactivité pour nous permettre de poursuivre notre activité.


Sylvie Maligorne, Djilali Belaïd, Philippe Faye
 

Paris, le 15 Novembre 2018

Thèmes : Information

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