Macron en Arabie Saoudite : une visite indigne de la France

Le président de la République a effectué une visite controversée en Arabie Saoudite en rencontrant le Prince héritier Mohammed Ben Salmane, désigné par un rapport américain comme le commanditaire de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre 2018 en Turquie.

Le 2 octobre 2018, Jamal Khashoggi, journaliste et dissident saoudien, résident aux Etats-Unis et chroniqueur du quotidien américain Washington Post, entre au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul en Turquie. Il n'en sortira pas vivant. Il y est assassiné par un commando saoudien. Son corps, démembré sur place, n’a jamais été retrouvé. Après avoir nié sa présence sur place et son décès, Riyad finit par admettre que le journaliste âgé de 59 ans a été tué à l'intérieur du consulat et que son meurtre était prémédité.

En 2019, au terme de six mois d'enquête, un rapport d'une centaine de pages du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, appelle la communauté internationale à placer sous sanctions Mohammed Ben Salmane et demande l’ouverture d’une enquête internationale.

En février 2021, un autre rapport, cette fois des services de renseignement américains - document classé par l'administration Trump et déclassé par l'administration Biden - accuse le Prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, d’avoir « validé une opération à Istanbul, en Turquie, pour capturer ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi ». Il est donc désigné par la CIA comme commanditaire de l'assassinat du journaliste.

Depuis, le prince héritier était traité en paria par les puissances occidentales. « Etait », car le président français Emmanuel Macron a choisi de le rencontrer ce samedi 4 décembre en Arabie saoudite dans le cadre d'une tournée officielle dans le Golfe.

Emmanuel Macron sera ainsi le premier dirigeant occidental à rendre visite à Mohammed Ben Salmane depuis l’assassinat de Jamal Khashoggi. Une visite, un déjeuner, des sourires et des poignées de main qui participeront de fait à réhabiliter ce dirigeant, à redorer son blason aux yeux du monde entier.

Certes, la diplomatie est faite de compromis et de pragmatisme. Certes il y a la real politik dans la région, le sort du Liban, les intérêts économiques de la France, et bien d'autres dossiers à évoquer. Mais il y a aussi des visites diplomatiques qui ne s'imposent pas, qui ne grandissent pas celui qui les effectue. Celle-ci en fait partie.

Le SNJ, premier syndicat des journalistes en France, condamne cette visite en Arabie saoudite qui s'apparente à une injure pour toute la profession et pour tous ceux et celles qui défendent la liberté d’expression, se battent pour le respect des libertés fondamentales et contre l’impunité des assassinats de journalistes.