Infos génés ou locales ?

Le comité d'entreprise du 26 mars dernier a été le théâtre de biens curieuses et contradictoires interventions de dirigeants du groupe "Dépêche du Midi".

C'est d'abord José Biosca, le directeur des contenus des quotidiens du groupe, qui a présenté le "plan Aude". Un projet de mutualisation des rédactions prévoyant notamment de réduire les effectifs côté "Dépêche", et de piocher dans une base de données partagées avec L'indépendant. José Biosca n'hésitant pas, en réponse aux questions qui lui étaient posées, à affirmer que c'est le premier cahier (infos géné + région) qui marquera la différenciation entre les trois quotidiens audois ("L'indépendant", "La Dépêche" et "Midi Libre").

Peu après le départ de M. Biosca, Michael Bourguignon, P-DG de La Dépêche Interactive, intervenait devant les élus du CE pour présenter le projet "Concilio", dont les nouveaux produits proposés aux internautes via ladepeche.fr. Entre autres nouveautés, l'accès gratuit et illimité n'est plus possible et il faut soit s'identifier, soit payer (plus) pour consulter plus.

Michael Bourguignon argumentant son exposé par le fait que la richesse de ladepeche.fr (soit celle de "La Dépêche"), celle qu'on peut monnayer et  vendre, c'est l'information locale: celle que nous sommes les seuls à avoir, celle qui est notre bien précieux...

Ainsi, si l'on extrapole le plan Aude de José Biosca, ce seraient les informations générales et nationales (premier cahier) qui marqueraient la différenciation, donc constitueraient pour le lecteur la valeur ajoutée journalistique de chaque titre. A tel point qu'on peut se permettre, comme il le projette, de mutualiser les pages locales et les pages pays, en laissant entendre que cela sera sans incidence pour le lecteur, pour le pluralisme ou pour les ventes.

Au contraire, pour Michael Bourguignon, c'est l'info locale et même la petite locale qui constitueraient la substantifique moelle de la production journalistique de "La Dépêche", celle que l'on peut monnayer auprès des internautes. Car il est vrai que l'internaute peut trouver ailleurs une information nationale traitée par d'autres titres et d'autres supports largement concurrentiels sur ces thèmes...

Ne serait-il pas temps pour les dirigeants du groupe Dépêche d'accorder leurs violons ? A moins de considérer que l'internaute et le lecteur sont deux genres de l'espèce humaine totalement différents qui ne peuvent cohabiter, ne seraient-ils pas en train de trouver des justifications erronées à leurs projets pour cacher en fait d'autres ambitions et d'autres volontés que celles affichées ?

Dans le premier cas, la volonté de maîtriser les coûts et de faire baisser la masse salariale à tous prix.

Dans le second cas, la volonté de continuer à maintenir le leadership de Dépêche Interactive sur la rédaction de La Dépêche via l'internet et continuer à écarter les journalistes de ce qui devrait être leur outil quotidien.


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