L'appel de l'Union nationale des journalistes d'Ukraine aux journalistes étrangers

Sergiy Tomilenko, président de l'Union Nationale des Journalistes d'Ukraine (NUJU), lance cet appel auprès des médias étrangers après la découverte d'exactions dans la banlieue de Kiev après le départ des troupes russes. Le NUJU est affilié à la Fédération internationale des journalistes (1).

Chers journalistes et travailleurs des médias du monde entier,

Nous, l'Union nationale des journalistes d'Ukraine, tenons à vous remercier pour le soutien à l'Ukraine, que nous ressentons en ces temps d'invasion russe dans notre pays.

Les dernières photos horribles des villes ukrainiennes libérées de Bucha et d'Irpin montrent que des crimes contre l'Humanité se produisent en ce moment même. Les troupes russes en Ukraine ne se contentent pas de combattre les forces armées ukrainiennes, elles pratiquent également la torture, les exécutions et brûlent même des civils. Il s'agit d'un véritable génocide contre le peuple ukrainien, et cela se passe en ce moment même, au XXIe siècle ! Nous devons arrêter cela ensemble et ne jamais laisser cela se reproduire partout où cela peut se produire.

L'offensive de l'ennemi est construite sur une propagande à grande échelle et une déshumanisation qui sont inacceptables pour toute l'humanité libre. Comme vous le savez peut-être, le 24 février, la Fédération de Russie a déclenché une guerre contre l'Ukraine. L'offensive militaire à grande échelle sur le territoire ukrainien se poursuit, les villes et les infrastructures sont constamment attaquées par voie aérienne, maritime et terrestre. Sous le prétexte de la "démilitarisation" et de la "dénazification" de l'Ukraine, la Russie poursuit des objectifs complètement différents, dévastant des villes entières et tuant des civils innocents, y compris des femmes et des enfants. Cette approche "abstraite" se traduit par un score en vies humaines.

À l'heure où vous lisez cette lettre, notre peuple, nos écoles, nos hôpitaux, nos jardins d'enfants et nos zones résidentielles sont constamment attaqués par les forces armées russes. Il existe de nombreux cas de massacres de civils, de viols, de vols, d'enlèvements et d'exécutions de civils qui ont été officiellement confirmés par des institutions internationales comme l'ONU. La Russie continue de violer ouvertement les principes fondamentaux du droit humanitaire international. Cette approche est inacceptable pour le monde libre.

Merci de soutenir l'Ukraine pendant que nous mettons fin à l'offensive sur notre territoire. La guerre est toujours un défi difficile à relever pour les reporters. Des dizaines de collègues apportent au monde la vérité sur les horreurs de la guerre en Ukraine au prix de leur vie et de leur santé. Nombre d'entre eux se sont avérés être des victimes d'attaques ciblées.

Par la présente, nous souhaitons appeler votre attention car les atrocités barbares des forces armées russes doivent être montrées au public. Nous comprenons que vos pays vivent en paix et qu'il n'y a aucune demande de rhétorique militaire. Mais de l'intérieur de la guerre, nous pouvons vous assurer que la lutte contre la guerre est l'intérêt général de l'ensemble du monde libre. Nous devons faire de notre mieux pour empêcher de nouvelles offenses, d'où qu'elles viennent. Pour l'instant, la menace vient de la Russie et de ses alliés.

Nous vous demandons instamment de continuer à attirer l'attention du monde sur ce qui se passe réellement dans notre pays. Les villes assiégées et souffrantes de Mariupol et Kherson, le bombardement odieux des zones résidentielles de Kharkiv, et d'innombrables autres crimes de guerre qui ont déjà été commis par l'armée russe. Nous ne devons pas les laisser se transformer en une troisième guerre mondiale. Nous sommes convaincus que votre expérience journalistique, vos contacts professionnels et vos capacités de persuasion sont essentiels pour révéler la vérité sur le visage hideux de la guerre.

Le monde doit voir la réalité. S'il vous plaît, soyez ceux qui aident à la révéler.


Sincèrement vôtre,

Sergiy Tomilenko,
Président de l'Union Nationale des Journalistes d'Ukraine.