Formulaire de recherche


SNJ - 33 rue du Louvre - Paris 75002 - 01 42 36 84 23 - snj@snj.fr - Horaires


La commission de la carte

Le SNJ à la Commission

Une petite carte désormais plastifiée…

Une tribune de Philippe Mellet, militant SNJ qui achève son second mandat de correspondant régional en Champagne-Picardie.

Tandis que quelques nantis de la profession, fidèles des plateaux des talk-shows par exemple – ces nouveaux salons, ces arènes de l’entre-soi -, jouent les sinistres cuistres, découpent laborieusement leur carte de presse devant les caméras, salissent une institution qu’ils prétendent obsolète et opaque, feignant d’ignorer qu’elle est composée à parité de salariés élus et d’employeurs désignés par leurs pairs, qui appliquent des règles connues de tous (et que tout un chacun peut lire et relire sur le site Internet de ladite institution)…

Tandis que loin de ces petits clowns tristes de la société du spectacle, des confrères et consœurs honorent toujours davantage notre profession, au péril de leur vie, rendant compte ici des abominations des nouveaux croisés de toutes sortes de folies religieuses ou politiques, là des massacres et catastrophes qui jalonnent la marche de notre monde toujours plus meurtrier, de tsunamis en naufrages, de famines sans fin en exils sans espoir sur des esquifs bondés…

Tandis que plus près de nous, mais toujours loin des cénacles de Saint-Germain, des confrères et consœurs honorent tout autant notre profession, au péril de leur confort, de leur vie de famille, rendant compte ici des vicissitudes de nos concitoyens confrontés à la précarité, à l’exclusion, à des violences plus domestiques que guerrières, mettant au jour les scandales que charrie parfois l’autre entre-soi de ce début de siècle, dans les salons feutrés des conseils d’administration, dans les couloirs où intriguent des petits ou grands élus que leur course au pouvoir aveugle, dans les métropoles comme dans les plus modestes des baronnies rurales…

Tandis que…

Résonne encore en moi le souvenir de la sonnerie du facteur, je ne sais plus quel jour de l’an de grâce 1990, venant déposer le pli recommandé, qui contenait la carte de presse n°67597, la mienne, ma première carte… Alors cartonnée.

Résonnent encore en moi les quelques mots ravis des confrères et consœurs jeunes ou moins jeunes que je rassurais, ces dernières années, sur la recevabilité de leur demande, qu’ils aient rejoint les rangs serrés des grandes rédactions régionales ou qu’ils attendissent ce précieux sésame depuis de nombreux mois, pigistes désarmés quand faute de carte ils ne pouvaient être accrédités pour tel événement ou qu’un rédac’ chef avance ce prétexte pour décliner leurs services.

Résonnent encore en moi les mots de dépit ou d’incompréhension quand plus rarement, j’expliquais par exemple qu’en vertu de la loi – et aussi d’une logique contingence éthique -, on ne pouvait être dirigeant d’une société et journaliste professionnel carté.

Tandis que la carte 2015 m’a été délivrée au titre de « demandeur d’emploi », tandis que je devine que ce sera sans doute ma dernière _ désormais plastifiée, mais tout aussi précieuse que la première _ puisque j’ai fait valoir la clause de cession en 2014 et que j’entame une reconversion par ailleurs passionnante mais qui ne permettra plus, je le crains, et j’en accepte évidemment pleinement à l’avance les motivations juridiques et éthiques, de prétendre à ce statut de journaliste professionnel, titulaire de la carte de presse n°67597, tandis que j’achève mon second mandat de correspondant régional en Champagne-Picardie (comme suppléant d’abord, comme titulaire ensuite), je veux dire simplement ma fierté d’avoir servi la Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels et donc… la profession, et donc mes confrères et consœurs, plus particulièrement celles et ceux qui frappaient à sa porte.

Ce fut là un mandat tout à fait dans le prolongement de mes engagements d’élu du personnel, dans un journal en crise et qui a fait l’objet d’une cession puis d’une restructuration douloureuse.

Ce fut là un mandat tout à fait dans le prolongement de mes engagements au sein du SNJ, dont j’ai partagé et partage toujours la philosophie, les principes et les combats.

Et c’est pourquoi je voterai bien sûr SNJ lors de ce scrutin, et que je souhaite bon vent, bonne chance et bon courage à tous les candidats qui portent nos couleurs.

Je ne doute pas qu’ils seront toujours disponibles et à la hauteur pour que cette petite carte désormais plastifiée demeure plus qu’un symbole et une parcelle de notre fierté, certes, mais aussi, mais d’abord, et quoi qu’en pensent certaines élites ou prétendues telles, la concrète traduction d’une part de notre bien commun : la démocratie.

Philippe Mellet, le 10 Avril 2015

accès pour tous