Formulaire de recherche


SNJ - 33 rue du Louvre - Paris 75002 - 01 42 36 84 23 - snj@snj.fr - Horaires


La commission de la carte

Le SNJ à la Commission

Une séance ordinaire à la Carte

Les seize « commissaires » patronaux et journalistes (avec autant de suppléants) se réunissent un jeudi sur deux en plénière afin d’étudier les dossiers pour lesquels l’aval ne va pas de soi. Récit.

14 heures, un jeudi ordinaire de plénière à la Commission. Les retardataires arrivent encore mais la séance peut commencer. D’un côté de la table, à parité, les « commissaires » patronaux, représentants des employeurs, de l’autre, les « commissaires » journalistes, élus justement tous les trois ans. En 2012, le SNJ a recueilli un peu plus de 51 % des voix. Il dispose donc de cinq titulaires. La CGT en a deux et la CFDT un. Avec autant de suppléants pour les trois organisations.

Devant chaque commissaire, les dossiers traités qu’ils ont « envoyés » en commission. En clair, ceux qui n’ont pas été acceptés d’emblée. Toute première demande ou tout renouvellement refusé doit passer en plénière. On n’est pas journaliste… à vie. Si la décision finale est un refus, cela signifie donc qu’il aura été discuté, parfois longuement. C’est un gage de sérieux pour les demandeurs de la carte.

Les incontournables

  • Les journalistes au chômage depuis trois, quatre ans et plus. Pour eux, difficile de renouveler une carte qui est censée démontrer leur activité de journaliste professionnel. Encore moins s’ils ne sont plus indemnisés par Pôle emploi. La commission reconnaît néanmoins leur qualité de journaliste pendant deux ans de chômage, éventuellement trois ans si des piges viennent s’ajouter à l’indemnité chômage.
  • Les journalistes avec des revenus trop faibles. Difficile là aussi de l’accorder à quelqu’un qui ne pourrait pas vivre de cette profession.
  • Les journalistes considérés « hors presse ». Leur activité et leurs revenus sont issus majoritairement d’une autre profession. Et, ce jeudi précisément, un médecin qui écrit dans un magazine spécialisé mais qui exerce toujours. Il restera donc… médecin. Une jeune femme écrivant dans un périodique se révélera être gérante d’une société immobilière… deux refus !
  • Les journalistes auto-entrepreneurs. Pas question que la carte soit accordée dans ce cas-là. La loi et le Code du travail définissent clairement le statut du journaliste professionnel (celui que défend ardemment le SNJ). Qu’il soit CDD, CDI rémunéré à temps plein ou à la pige, c’est un salarié.

Des échanges professionnels

En revanche, la discussion devient plus âpre dès qu’il s’agit de débattre du contenu journalistique du dossier : le demandeur réalise- t-il réellement un travail de journaliste ? Cette discussion professionnelle, c’est l’objet même de la Commission de la carte. D’où d’ailleurs son importance. Qui d’autre que des journalistes et des employeurs, quotidiennement sur le terrain et dans les entreprises de presse, peuvent mieux appréhender le contenu d’une profession ?

Et, précisément ce jeudi, trois types de dossiers engageront trois débats.
Le premier concerne une dizaine de demandeurs issus d’un nouveau site en ligne. Chaque nouveau site est systématiquement visionné en séance plénière. Le grand écran de la salle de réunion fait défiler les pages web. Et là, pas de doute possible, c’est un site commercial de vente de séjours et de voyages, agrémenté de commentaires. Onze demandes seront rejetées. Info ou divertissement ? Info ou communication ? Grandes questions débattues à nouveau ce jour. Le SNJ, avec quelques autres, a toujours défendu (et continuera à le faire) la séparation des tâches, et même des valeurs. Il n’est pas indigne de faire rire – ou sourire – et de divertir mais ce n’est pas forcément de l’information. Trois nouvelles émissions de télé et de radio sont étudiées aujourd’hui. Pour l’une d’elles, les échanges vont durer plus d’une heure. Au total, cinq cartes sont accordées et douze refusées. Les demandeurs recalés ont toujours la possibilité de faire un recours devant la commission supérieure.

Du travail au cas par cas

Enfin, trois photographes de presse obtiennent leur carte. Une première demande est faite alors que les revenus sont actés en droits d’auteur, c’est possible mais uniquement la première année. Il faudra ensuite présenter des bulletins de salaires. Un second est à la limite car, au-delà des photos d’actualité, il réalise aussi des dossiers de presse. Toutefois, ses revenus issus du journalisme sont majoritaires. Enfin, le troisième est en conflit avec son employeur et a engagé une action devant les prud’hommes. Dans ce cas, la carte est confirmée et maintenue dans l’attente du jugement à venir. La commission, et notamment le SNJ, accordent toujours beaucoup d’attention aux photographes dont la situation professionnelle est particulièrement difficile en cette période de crise et de mutation dans le secteur de la presse.

Pas de carte, et c’est une règle, pour deux rédacteurs qui sont aussi agents de la fonction territoriale. Fonctionnaire ou journaliste, il faut choisir…

En revanche, la carte sera maintenu pour un homme sans réelle activité mais en longue maladie. C’est aussi cela la Commission de la carte, faire du cas par cas et ne jamais oublier que, derrière un dossier, il y a une personne.

À 17 h 40, la séance est levée. Les 58 dossiers présentés ont tous été passés en revue. 29 cartes sont refusées, 29 accordées. Sur une année, entre 1000 et 1200 dossiers sont traités en commission plénière, dont la moitié est rejetée. Sur 36 800 cartes accordées ou renouvelées tous les ans.

 

Claude CORDIER, le 18 Avril 2015

accès pour tous