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Communiqués de presse

Violences policières et atteintes à la liberté de la presse : le ministre de l’Intérieur doit rendre des comptes


Les images, largement relayées sur les réseaux sociaux, sont sans équivoque. Pour les un an du mouvement des Gilets jaunes, samedi 16 novembre, un manifestant qui ne pouvait en aucune manière présenter une quelconque menace pour les forces de l’ordre, a perdu l’usage de son œil à la suite d’un lancer aléatoire de grenade lacrymogène à hauteur de visage. Une pratique maintes fois dénoncée, à l’origine de nombreux blessés ces derniers mois, que ce soit par des tirs de LBD ou de grenades GLI-F4.

Ce déplorable événement s’est accompagné encore une fois de plusieurs incidents constitutifs de nouvelles atteintes à la liberté de la presse, sous diverses formes, également dénoncées depuis plusieurs mois.

A Toulouse samedi, Nadège Picard, journaliste pour l’agence « Info line, média indépendant », estime avoir été « prise pour cible », alors que les policiers « voyaient très bien » qu’elle portait un casque « presse » : « Il n’y avait aucun danger potentiel. Je prenais juste une photo. J’ai reçu un tir de LBD et d’un lanceur de grenades, soit deux impacts sur la cuisse gauche en même temps. (…) A Toulouse, les forces de l’ordre me connaissent. Je couvre les manifestations et tous autres conflits sociaux depuis février 2018 ».

A Paris, un journaliste d’un autre média alternatif a été victime des agissements des forces de sécurité. Jeune photographe couvrant la manifestation place d’Italie pour « Le Média pour vous », Julien Moreau a été sérieusement blessé. Son visage tuméfié a fait le tour des réseaux sociaux. Son masque intégral a explosé suite à un éclat de grenade ou un tir de LBD, assurent les témoignages. Lui aussi était clairement identifiable avec un gilet « presse ».

A Besançon, un reporter de Radio Bip/Média 25 était convoqué au commissariat ce mardi 19 novembre. Il sera poursuivi, en vertu de la loi anticasseurs, pour avoir porté un masque à gaz. Cet équipement de protection individuelle (EPI) fait partie, malheureusement, du « kit de couverture de manifs » de beaucoup de rédactions. Le confrère encourt un an de prison et 15 000 euros d’amende alors qu’il ne faisait que filmer une manifestation !

Contrôles d’identité, intimidations, poursuites pénales abusives, dans certains cas les incidents de ces dernières semaines ont concerné des reporters bénévoles qui collaborent avec des médias associatifs ou citoyens. Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, rappelle à tous –les reporters comme leurs médias– que la pratique du journalisme exige une rigueur déontologique et le respect de certaines règles, dont une nécessaire prudence lors de la couverture d’événements pouvant potentiellement exposer à des situations violentes sur le terrain.

Dans tous les cas, les intimidations et violences policières n’ont pas lieu d’être. A ce jour, le SNJ dénombre, depuis un an, près de 200 cas de journalistes molestés, blessés, intimidés, empêchés de travailler par des policiers, des gendarmes, des magistrats, qui se sont opposés à cette liberté fondamentale en démocratie : le droit d’informer et d’être informé.

Au regard de ce constat, alors que le gouvernement français est montré du doigt par diverses organisations internationales, le Défenseur des Droits, ou encore la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) pour sa « gestion » de la crise des Gilets jaunes, la France doit-elle encore être considérée comme la patrie des Droits de l’Homme ?

Le SNJ apporte tout son soutien aux confrères et demande instamment au ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, de prendre enfin les mesures nécessaires pour permettre aux journalistes de mener à bien leur mission d’information dans des conditions normales, sans risque pour leur intégrité physique.
 

Paris, le 21 Novembre 2019

Thèmes : Liberté

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