Quelle stratégie veut le Crédit Mutuel ?

En prenant le contrôle de l’Est Républicain, le Crédit Mutuel vient de franchir un nouveau pas vers la constitution du premier groupe de presse quotidienne français. Sous réserve de l’accord de l’Autorité de la concurrence, la banque va se retrouver à la tête de neuf quotidiens, qui représentent une diffusion payée de près d’1,2 million d’exemplaires. Quelle est la logique de l’investissement du Crédit Mutuel dans la presse écrite ? La banque avait déjà pris le contrôle opérationnel de tous ces journaux, par l’intermédiaire de sa filiale informatique. Les économies d’échelle sur les coûts de fonctionnement vont désormais pouvoir s’étendre à l’impression... et la rédaction !

Des informations concordantes annoncent la création d’une vaste banque d’information multimédia alimentée par tous les titres estampillés Crédit Mutuel. Clairement, la banque veut rentabiliser les réseaux presse quotidienne régionale de France. Rationaliser pour dégager des bénéfices : les risques sont considérables pour l’emploi et le travail des journalistes. Accentués, qui plus est, par l’émergence des supports multimédia dont les directions veulent se servir pour piétiner les limites fixées par la convention collective et les accords d’entreprise.

Nos différents titres ont déjà largement enduré les diminutions d’effectifs. Provoquant des désorganisations qui ont des répercussions sur les conditions de travail et sur les contenus éditoriaux. D’ores et déjà, le SNJ exige les remplacements des confrères qui partiront en clause de cession. Le Crédit Mutuel doit s’engager sur l’emploi et la qualité des journaux, respectant les principes essentiels et historiques de l’indépendance rédactionnelle et de l’identité régionale. Le Crédit Mutuel doit investir dans une stratégie de redynamisation des titres s’appuyant sur les compétences des rédactions et les zones de concurrence. La production intellectuelle des journalistes (articles, photographies, infographies, vidéos, sons...) est la principale matière première de nos journaux. La mutualisation ne dilue pas les responsabilités des auteurs et des directeurs de publication, qui sont responsables, devant la loi, du contenu de chaque titre. Quel que soit le support. C’est pourquoi, il est primordial que les journalistes maîtrisent le contenu.

Face à ces constats, les élus du SNJ, premier syndicat de journalistes des groupes Est Républicain et Ebra, souhaitent être reçus dans les plus brefs délais par les dirigeants du Crédit Mutuel.