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Section SNJ Ile-de-France

Claude Perdriel va prendre le contrôle de Sophia Publications


A peine sorti d’une période de dix-huit mois en redressement judiciaire, marquée par un PSE qui entraîna 24 licenciements, Sophia Publications (La Recherche, Historia,L’Histoire, Le Magazine littéraire) va rejoindre les titres dont Claude Perdriel est propriétaire (Challenges et Science et Avenir).

Officiellement il n’y aura pas de rapprochement rédactionnel et pas de « suppressions de postes » (= pas de licenciements ?), mais les services abonnement, diffusion et fabrication devraient être mutualisés.

Cette année, la situation économique du groupe a été un argument facile pour multiplier le recours – abusif – aux emplois précaires, en tentant de remplacer des CDD, de plus en plus mal payés, par des prestataires payés en facture – mais tenus de travailler sur place à temps plein –, et en menaçant de recourir désormais à la sous-traitance et au portage salarial pour se débarrasser des risques de requalification en CDI et de dénonciation pour travail dissimulé.

Dans ce contexte, l’arrivée de Claude Perdriel comme actionnaire unique rassure autant qu’elle inquiète les salariés. Certes, on nous annonce le remboursement d’une partie de la dette que Sophia Publications doit apurer sur dix ans à la suite du redressement judiciaire, mais on nous annonce aussi l’embauche de nouveaux cadres dirigeants, quand la moindre semaine de renforts pour les rédactions est âprement négociée, qu’aucune augmentation collective n’a été consentie depuis plusieurs années et qu’aucune embauche n’est venue soulager les équipes qui travaillent à flux tendu.

Un nouveau système éditorial (assorti à un plan de départs volontaires) va être mis en place à Challenges (qui pourrait être par la suite généralisé aux autres titres) : cette mise en place prévoit de « mutualiser » certains métiers – en d’autres termes, d’en faire disparaître certains, comme les correcteurs et les iconographes, en réorganisant les fonctions des SR, des maquettistes, des rédacteurs ; ces derniers devront « faire plus attention à la qualité de leurs articles et à leur orthographe » (il suffisait donc de le dire !), écrire leurs articles dans une maquette préétablie et proposer titres et chapô…

Ces éléments relancent nombre de questions concernant la volonté affirmée dans le projet de reprise d’un « management efficace ». Quelle organisation du travail à venir ? Quelle indépendance des titres ? Quelle qualité rédactionnelle ? Quelle politique de couvertures ? Et quels métiers pour demain ?

Il y a à peine deux ans, lors du rachat du groupe à Artémis et de la prise de participation de M. Perdriel à 50 %, celui-ci avait affirmé n’être là qu’en soutien et ne pas vouloir être opérationnel, ne pas envisager de mutualiser les services de publicité et de diffusion ; six mois et un PSE plus tard, qui vit la disparition des services de publicité et de diffusion de l’entreprise, Médiaobs (propriété de Perdriel) s’occupe de la publicité pour Sophia Publications. Et aujourd’hui Claude Perdriel lui-même devient le PDG du groupe…


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Paris, le 06 Juillet 2016

Thèmes : Indépendance

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