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Communiqués des sections
Section SNJ France Télévisions

France 3 Paris Ile-de-France

Des gestes barrières contre le virus, pas le journalisme


A l’heure de la pandémie de coronavirus, France 3 Paris Ile de France est en tête du tableau de la contamination ; 13 cas diagnostiqués, sans compter les cas suspects ou asymptomatiques. Fort heureusement, pour l’heure, aucun cas nécessitant une hospitalisation n’est à déplorer, mais la question est : aurions-nous pu éviter la propagation du virus et l’émergence de ce qu’il faut bien appeler un cluster au sein de la rédaction de PIDF ?



Avant de dresser un bilan définitif d’une gestion plus que chaotique de cette crise sanitaire, de nombreux manquements sont apparus : il est temps de faire un bilan de la gestion calamiteuse de cette crise sanitaire qui a conduit à l’émergence d’un cluster à l’échelle de la rédaction de PIDF.

Tournage dans un foyer d’épidémie sans matériel de protection malgré les demandes des salariés, refus de mettre en place des binômes rédacteur/JRI comme dans les autres régions, refus d’attribuer matériel de tournage et voitures plusieurs jours de suite comme pour les rédactions nationales, retard important dans la désinfection des véhicules des bureaux excentrés et dans la distribution des matériels de protection, comme les perches ou les lingettes.

Sur tous les tableaux, nous avons eu au moins un train de retard, malgré les demandes et interrogations répétées des salariés et de leurs représentants de proximité qui ont pleinement rempli leur rôle d’alerte. Avec le sentiment d’une prise de conscience très tardive et incomplète des dangers encourus, notamment par les reporters de terrains, de la part de la direction de France 3 PIDF. Enfin, « des quatorzaines » mises en place de façon aléatoire et des malades qui ont très probablement contaminé leurs collègues dans le cadre professionnel.

A l’heure où les autres rédactions du réseau réduisaient la voilure, nous avons continué pendant quelques jours à recevoir des invités en plateau, et à prendre l’antenne à 18h50. Rappelons que F3 Paris Ile-de-France est la seule antenne du réseau à garder un JT complet puisqu’il n’est pas possible de mettre en place un JT grande région.

A cette longue litanie s’ajoute la cacophonie des règles du montage : la direction a affirmé en réunion qu’elle ne mettrait pas en place de cloisonnettes en plexiglas dans les salles de montage. Mais sans assumer sa décision et publier la moindre note de service, générant des tensions au quotidien. Et nous découvrons la semaine dernière la livraison de ces mêmes cloisons ! En revanche, lorsqu’il s’agit de mettre en place des gestes barrières entre la rédaction et son encadrement, là le prétexte est tout trouvé !

Les échanges, déjà significativement dégradés avant la pandémie, sont aujourd’hui quasi inexistants, ce qui tue dans l’œuf toute possibilité de débat éditorial. La disparition de la conférence de rédaction est à ce titre une aberration : plus d’échanges contradictoires, aucune discussion sur l’angle des reportages, chaque matin le menu est envoyé par mail à la rédaction, fermez le ban. Quelle aubaine pour qui chercherait à caporaliser l’information !

Le résultat éditorial a provoqué la colère de nombreux journalistes : à titre d’exemple, de multiples sujets sur les grands chefs, alors que la pauvreté et la pénurie de nourriture frappent certains quartiers populaires ou un maire qui se met en scène en chantant dans sa voiture sur Skype !

Une audioconférence est pourtant possible à mettre en place (preuve en est, celle qui a eu lieu pour « maintenir le lien » jeudi 16 avril et qui a rassemblé 50 personnes !). Pour le SNJ, elle doit impérativement être mise en place au plus vite, comme cela continue à se pratiquer dans les autres régions.

Oui tout est compliqué en ce moment, a fortiori pour les équipes qui sont exposées tous les jours sur le terrain et réalisent leurs reportages dans des conditions dégradées, tournent des magazines qui sont annulés. Mais en ces temps troublés, il est essentiel de maintenir le débat vivant sur le premium comme sur le web. Essentiel d’éviter les mails comminatoires, ou menaçants de sanctions. Essentiel de se parler et de faire vivre le collectif d’une rédaction motivée et compétente. Tout cela dans un seul objectif : offrir des éditions équilibrées et pertinentes, seul moyen de garder la confiance de nos téléspectateurs et concitoyens.

Le SNJ exige un effort de transparence et de communication entre l’encadrement et la rédaction, et la fin d’une gestion humaine et éditoriale par clavier interposé, qui pourrait à terme se révéler pathogène.
 

Paris, le 22 Avril 2020

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