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Communiqués de presse

[TRIBUNE]

Ne banalisons pas les violences contre les journalistes


Tribune du Premier secrétaire général du SNJ Emmanuel POUPARD, publiée le 8 octobre 2021 dans Libération.



Journalistes insultés ou molestés, pris en chasse ou exfiltrés des cortèges, médias pris pour cibles, un vent mauvais accompagne depuis le début de l’été une partie des mobilisations contre le pass sanitaire. Besançon, Pau, Belfort, Fort-de-France (Martinique), Annecy, Troyes, Cayenne (Guyane), Limoges, Chambéry, après 12 samedis de manifestations, des incidents plus ou moins graves ont été recensés chaque week-end, des agressions physiques de journalistes aux dégradations de locaux et matériels, menaces, invectives…

Ce mercredi 6 octobre à Ajaccio, un cap a été franchi avec l’agression physique d’un confrère photographe de Corse-Matin par deux « manifestants ».

Si ces violences insupportables restent le fait d’une minorité, cette vague de haine décomplexée, indigne d’une démocratie, doit cesser au plus vite. Première organisation de la profession, le Syndicat national des journalistes (SNJ) apporte son soutien à tous les journalistes de terrain pris à partie ces dernières semaines, et condamne fermement l’ensemble de ces exactions, orientées contre les salariés des médias. Le SNJ encourage les consoeurs et confrères à déposer plainte systématiquement, avec ou sans le soutien de leurs employeurs, et se portera au côté des plaignants qui le souhaiteront.
 

La démocratie attaquée

Si la critique de la presse est légitime quand elle est justifiée et argumentée, et si la défiance d’une partie du public vis-à-vis de la profession peut se comprendre au regard de certains dérapages médiatiques, rien ne saurait justifier la violence contre les journalistes, qui sont avant tout des travailleurs de l’information.

Quand des reporters sont empêchés de travailler, sont brutalisés ou injuriés, c’est la liberté de la presse qui est visée, et son pluralisme menacé. C’est la démocratie qui est bafouée, et pourtant, nous n’avons guère entendu réagir sur le sujet les représentants politiques de tous bords.
 

Les journalistes pris en étau

Il y a deux ans déjà, à l’occasion du mouvement des gilets jaunes, les journalistes s’étaient retrouvés pris en étau entre l’agressivité d’une partie des manifestants à leur égard et des stratégies de « maintien de l’ordre » délibérément orientées contre eux. L’histoire semble se répéter, alors que certains comportements policiers continuent de faire écho à l’attitude nauséabonde d’une minorité assez visible des opposants au pass sanitaire.

Au-delà de la dénonciation des violences, le SNJ ne peut que déplorer la banalisation de ces actes d’intimidation, destinés à faire pression sur le traitement de l’information, parfois pour imposer un comptage farfelu du nombre des manifestants, ou contester les choix éditoriaux des rédactions. Légitimées voire attisées par certains courants politiques soucieux d’assimiler l’ensemble des médias dits traditionnels au pouvoir, ou au « système », ces violences ne devraient pas avoir droit de cité dans une démocratie moderne. Elles doivent être dénoncées et condamnées.

Ne nous habituons surtout pas à ça !

 


Emmanuel POUPARD,
Premier secrétaire général
du Syndicat national des journalistes

 

Paris, le 11 Octobre 2021

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