Congrès de Paris

Discours à l'attention d'Anne Hidalgo, maire de Paris

Discours prononcé le 18 octobre 2018, à l'Hôtel de ville de Paris, par le Premier secrétaire général Vincent Lanier, à l'attention de Mme la maire de Paris Anne Hidalgo, dans le cadre de la soirée de gala du congrès du centenaire du SNJ.

Discours à l'attention d'Anne Hidalgo, maire de Paris

SNJ

Mme la maire de Paris, chère Anne Hidalgo,

Au nom du Syndicat national des journalistes que j’ai l’honneur de représenter dans ces circonstances très particulières, je tiens à vous exprimer toute la reconnaissance des camarades du syndicat pour votre accueil pendant ces deux jours en ce lieu symbolique, magnifique, et chargé d’histoire. C’est un immense honneur que nous a fait la Mairie de Paris, en nous permettant de célébrer le centenaire du syndicat ici, à l’Hôtel de ville, dans ce cadre exceptionnel.

Naturellement, vous transmettrez nos remerciements, pour leur efficacité et leur disponibilité, à celles et ceux qui ont été nos interlocuteurs ces dernières semaines, pour la parfaite tenue de nos travaux. Nous pensons particulièrement à :

- M. Jean-Marie VERNAT, conseiller stratégique de la Maire de Paris ;
- à Mme Hélène BIDARD, Adjointe à la Maire de Paris chargée de l’égalité femmes-hommes, de la lutte contre les discriminations et des droits humains ;
- à Issam EL ABDOULI, Conseiller auprès de la Maire, en charge des Affaires juridiques, de la Lutte contre les discriminations et pour les droits humains ;
- à Mélissa KEILANY, du Département Protocole et Salons de l’Hôtel de Ville, à la Direction de l’Information et de la Communication ;
- à Youcef KHEMISSI, Conseiller au cabinet d’Hélène Bidard.

Enfin, à l’ensemble du personnel de l’Hôtel de ville qui a été aux petits soins pour nos militants depuis hier, et qui mérite bien quelques applaudissements. Comme je l’ai dit hier à votre adjointe Hélène Bidard, l’attachement de la Mairie de Paris à la liberté de la presse, et aux valeurs de liberté, d’humanisme et de tolérance n’est plus à démontrer. Ces valeurs sont aussi les nôtres, et nous sommes fiers de vous avoir à nos côtés.

Le SNJ, c’est 100 ans de luttes et de conquêtes au service des journalistes, pour la défense de leurs droits, mais aussi 100 ans de combats pour la liberté de la presse et pour l’information, au service du citoyen. C’est cette histoire, ce sont ces combats, qui sont racontées sur les 25 panneaux de l’exposition accrochée depuis quelques semaines sur les grilles de l’Hôtel de ville.

Ces panneaux parlent de censure, d’éthique, de liberté d’expression, de violences policières, de protection des sources, de journalistes assassinés ou emprisonnés. Ces panneaux disent tout du SNJ, et de la profession, l’un n’allant pas sans l’autre.

Fondé par quelques pionniers, autour d’un certain Georges Bourdon, à quelques mois de l’Armistice de 1918, sur des préoccupations avant tout déontologiques et professionnelles et en réaction à la censure qui avait sévi pendant la Grande Guerre, le SNJ a contribué à façonner la profession, notamment en la dotant d’une charte d’éthique dont la publication a été l’acte fondateur du syndicat.

Attaché à son autonomie, tout autant qu’à un syndicalisme de luttes et de transformation sociale qui a motivé son adhésion à l’Union syndicale Solidaires il y a vingt ans, le SNJ a participé à l’ensemble des conquêtes de la profession, en inspirant tous les textes qui régissent et protègent aujourd’hui les journalistes français. Je pense en particulier à la convention collective nationale, étendue à toute la profession, et surtout à la loi de 1935, qui a forgé le statut du journaliste professionnel français, en instaurant notamment la clause de cession, la clause de conscience et la juridiction d’exception qu’est la commission arbitrale des journalistes.

Comment ne pas évoquer, et rendre hommage, aujourd’hui, à l’action de Georges Bourdon, l’homme du statut, dirigeant historique du syndicat, bâtisseur et organisateur de la profession. Elu président du SNJ en 1922, il n’aura cessé d’œuvrer, jusqu’à sa mort, en 1938, pour permettre aux journalistes français d’acquérir de nouveaux droits, en écho aux devoirs inclus dans la charte d’éthique professionnelle.

Georges Bourdon était partisan d’un syndicalisme de métier, « uniquement placé sur le terrain professionnel ». Ce choix de l’autonomie, de l’indépendance, a laissé une empreinte indélébile dans l’ADN du syndicat. Ce que nos adversaires –ou concurrents– se plaisent parfois à qualifier de corporatisme, nous l’assumons, dans un engagement catégoriel qui s’exprime tous les jours, sur le terrain, dans les rédactions. Il n’y a pas de syndicaliste professionnel au SNJ, mais des professionnels qui font du syndicalisme, ce qui est parfois un handicap, mais le plus souvent une force.

Historiquement partagé entre la défense catégorielle d’une profession dont la mission est d’être au service du citoyen, et la nécessité d’inscrire son action dans le mouvement syndical interprofessionnel, le SNJ n’a pas mené seul toutes ces batailles, évidemment. La plupart des acquis obtenus l’ont été dans une unité d’action des syndicats de journalistes, et de la profession, unité qui fait trop souvent défaut aujourd’hui. Plus que jamais, il est nécessaire de rassembler les forces vives de la profession pour faire face aux nombreux défis qui se présentent à nous.

Le SNJ, et la profession, ont aussi eu, à différentes étapes, l’appui des parlementaires, qui ont légiféré, en considérant que le journaliste, compte tenu de la particularité de son métier, devait être protégé, pour lui donner les moyens de résister aux pressions des actionnaires, des publicitaires, des lobbys, des courants et des politiques, et même parfois de ses employeurs. Et même souvent, de ses employeurs.

Comme je l’ai dit à M. le ministre tout à l’heure, nous sommes prêts à mener ces combats.

Dans l’adversité.

Dans la camaraderie, parce que c’est aussi ça le SNJ.

Merci encore à vous, madame la maire, pour votre soutien, et très bon anniversaire au SNJ !

Hôtel de Ville de Paris,
Jeudi 18 octobre 2018
Accès pour tous