Injures racistes et diffamation à l’égard d’un journaliste d’Ouest-France : les trois militants d’extrême-droite relaxés en appel
Le SNJ, premier syndicat de la profession, apporte tout son soutien au journaliste d’Ouest-France après l’arrêt de la cour d’appel de Rennes rendu mercredi 4 septembre 2024.
Trois militants d’extrême-droite condamnés en première instance pour diffamation et injure à caractère raciste en décembre 2023, ont été relaxés lors du second jugement.
Yann Vallerie, fondateur du média d’extrême-droite Breizh-info, Philippe Le Grand, directeur de publication du site et Jean-Eudes Gannat, ancien porte-parole de l’Alvarium, groupuscule d’extrême-droite aujourd’hui dissous, étaient poursuivis pour avoir prononcé des mots inacceptables envers notre confrère en visant son origine guadeloupéenne et en le renvoyant à des pratiques primitives.
Le journaliste d’Ouest-France, rattaché à l'agence d'Angers, était chargé en 2021 de suivre les agissements de groupes d'extrême-droite. Il avait été pris pour cible à l’occasion d’une interview dans Breizh-info de Jean-Eudes Gannat, fondateur du groupuscule identitaire l'Alvarium.
La cour d’appel de Rennes considère que les termes employés à l’égard du journaliste d’Ouest-France (il est question notamment de « plumitif guadeloupéen ») sont « empreints de moquerie » et « incontestablement péjoratifs » mais que l’infraction d’injure n’est « pas caractérisée ». Les propos litigieux s’inscrivent « dans un débat idéologique et politique » selon la cour qui les qualifie d’« acerbes », sans pour autant les condamner, considérant qu’ils ne sont pas excessifs ou outranciers et qu’ils relèvent de la liberté d’expression.
Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, déplore cette décision. L’audience s’est tenue le 19 juin dans un contexte politique particulièrement tendu, à quelques jours du premier tour des élections législatives, avec un Rassemblement national aux portes du pouvoir.
Le SNJ s’inquiète de ce que la justice autorise ainsi la diffamation et l’injure d’un journaliste. Il salue la décision du quotidien Ouest-France de se pourvoir en cassation aux côtés du journaliste agressé.
Dénigrer publiquement un journaliste, l'injurier en ciblant ses origines, l'attaquer dans l'exercice de son métier sont des faits graves et inadmissibles, qui portent atteinte à la liberté d'informer.
Le SNJ est aux côtés de tous les confrères et toutes les consœurs victimes de racisme, d'homophobie, de sexisme ou de toute autre discrimination. Le syndicat est là pour les soutenir et les accompagner, y compris devant les tribunaux.