Réorganisation : les vérités alternatives de la direction
Un CSE extraordinaire s’est tenu ce jeudi 17 octobre en présence de Jean-Luc Breysse, Olivier Leaurant, Anne Piquant, Frédéric Santangelo et Marie Dubern pour la direction. L’objet de la réunion était de nous présenter un plan de réorganisation du secrétariat de rédaction (SR), du service correction, du "pôle image" (qui comprend la direction artistique, l’iconographie et l'imagerie), du service documentation, de la direction industrielle du quotidien et des « fonctions d’assistanat ».
Le directeur général, Jean-Luc Breysse a expliqué que cette réorganisation, et le plan de départs qui va l'accompagner, sont rendus nécessaires par la baisse de la diffusion papier qui s’est rétractée de 50 % en dix ans et par la nécessité de baisser les coûts de production du quotidien. L'objectif de la direction est de faire 1,5M € d'économies par an.
Il a été annoncé que 12 postes allaient être supprimés sur le périmètre concerné: 1 au SR, 5 sur le pôle image, 1 à la direction industrielle, 2 à la documentation et 3 parmi les assistantes. Le SNJ a voulu vérifier ces chiffres. Nous avons été très surpris de constater que ces données étaient biaisées. En effet il ne s’agit pas de la suppression de 12 postes mais de 17. Car la direction oublie tout simplement les trois départs (sous la forme de retraite ou de départ négocié) qui ont eu lieu ces six derniers mois au SR et à la direction industrielle et surtout les deux congés maladie longue durée, un à la correction, l'autre au SR.
Au SR, deux CDD permettent actuellement au service de fonctionner normalement. Ce n’est pas parce que quelqu’un part à la retraite, est licencié, ou est en congé maladie, que son poste est supprimé.
Plusieurs CSE extraordinaires auront lieu sur le même sujet, notamment mardi et mercredi prochains (22 et 23 octobre) durant lesquels la direction doit expliquer comment ces services pourront fonctionner avec cette ponction dans leurs effectifs.
Il semble que la direction place beaucoup d’espoir dans verso et dans les nouveaux outils dont l’IA, censés automatiser certaines taches (choix des photos, traitement de l'image, correction, mise en page, contrôle du BAT, etc.). Le problème est que ces nouveaux outils ne sont pas encore mis en place, que les salariés n’ont pas été formés à leur utilisation et surtout que, pour l’instant, rien ne prouve qu’ils soient en mesure de remplir les tâches qui leur seront assignés. Mêmes doutes pour verso, qui n'a pas démontré, jusqu'à présent, sa capacité à simplifier et à fluidifier les flux entre le web et le print. La direction voulant boucler ce plan avant fin 2024, les postes seront supprimés avant que les « nouveaux outils » soient en pleine capacité de production. Le SNJ estime que ce calendrier risque de grandement fragiliser la capacité de la rédaction à conserver le niveau d’exigence de qualité que Le Figaro se targue de maintenir depuis des années.
La réorganisation des services est l'autre levier mis en avant par la direction pour compenser les suppressions de postes. Difficile d'y voir clair pour l'instant dans les projets qui vont nous être présentés (le service imagerie disparaît, de nouveaux métiers apparaissent au Figaro, comme réviseur-éditeur. Plus de SR, mais des éditeurs.... la DA fusionnerait avec la RCT....) Mais on voit déjà deux principes se dégager: la suppression de certaines missions (moins de relecture, moins de correction, etc.) et la généralisation de la "polyvalence", terme que l'on peut traduire par: faire faire par une personne ce qui était fait auparavant par deux, trois... Là aussi le risque d'une perte de qualité est grand. Celui de mettre les salariés concernés en grande difficulté également. Surtout si les outils, nouveaux ou pas, sont défaillants.
Beaucoup d'incertitudes et d'inquiétudes donc face à ce projet qui paraît très fragile. Il va avoir évidemment des conséquences importantes sur les services directement impactés par les départs. Mais il en aura également, c'est certain, plus ou moins rapidement, sur l'ensemble de la rédaction. Sur les rédacteurs, sur les desks et les chefs de service, sur les éditeurs du web.
Nous sommes à votre disposition pour répondre à vos questions dans cette période compliquée. Comme lors du précédent plan, les élus seront accompagnés par un expert (Secafi) qui connaît bien la maison. Les conditions du plan vont être négociées dans les prochaines semaines par les délégués syndicaux.
Paris
Lundi 21 octobre 2024
Accès pour tous