Résolution finale du 104e Congrès du SNJ à Lyon
Réuni en congrès à Lyon du 12 au 14 octobre 2022, le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, rappelle que la liberté de la presse et le droit à l’information de tout citoyen sont des piliers fondamentaux de la démocratie.
En France, nos libertés fondamentales sont en recul aggravé depuis 2015 avec une accumulation de lois liberticides et répressives, en s’attaquant à l’Etat de droit.
Ce constat alarmant a été rappelé une nouvelle fois lors du débat consacré aux libertés, mercredi 12 octobre à la maire de Lyon, avec la participation de Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Bertrand Sayn, avocat lyonnais qui s’est opposé à la nasse dans les manifestations, Laurence Roques, présidente de la commission liberté et droits de l’Homme du Conseil national des barreaux, et Jacques Toubon, ancien Défenseur des droits.
La liberté d'informer est elle aussi gravement menacée, notamment par l'acharnement judiciaire de milliardaires comme Vincent Bolloré ou Patrick Drahi.
Ce dernier vient d'utiliser la loi sur le secret des affaires pour lancer une procédure-bâillon à l’encontre du site Reflets.info. La décision d'un tribunal de commerce, qui intervient dans une affaire de presse hors de sa compétence, met en péril l'avenir du journalisme d'investigation.
Le congrès du SNJ condamne ces atteintes délibérées à la liberté d’informer et d’être informé. Le SNJ sera, avec l’aide du cabinet Bourdon, au côté du média en ligne qui a décidé de faire appel de la décision.
Le SNJ appelle ses sections, dans un calendrier qu’il leur revient de définir, à manifester, un bâillon sur la bouche, devant les tribunaux de commerce afin de condamner ce contournement du droit de la presse.
Le SNJ rappelle avec force que la dégradation des conditions de travail des journalistes est un grave danger pour leurs missions d'information. Avec des rédactions diminuées par les suppressions de postes, avec l’arrivée de l’information en continu et sa course à l’audience effrénée, les journalistes n’ont souvent plus le temps de vérifier leurs informations, comme le montre l’enquête Technologia présentée à ce 104e congrès.
Promesse de campagne du candidat Macron, des états généraux du droit à l’information se dérouleront de novembre 2022 à mars 2023, à Paris et en régions. Si, à ce jour, le programme de ces rencontres n’est pas encore connu, le SNJ sera très vigilant sur le déroulement de ces états généraux orchestrés par le gouvernement de la « start-up Nation ».
Le SNJ fera entendre ses revendications pour la profession : le conditionnement des aides à la presse à des exigences sociales, le renforcement de la protection des sources à l’heure de Pegasus et contre le délit de recel du secret de l’instruction, la répression des procédures-bâillons, la reconnaissance juridique des équipes rédactionnelles, l’accès des journalistes aux informations d’intérêt public, un mode de financement pérenne pour l’audiovisuel public…
Le SNJ condamne la suppression de la contribution à l’audiovisuel public cet été par le Parlement, au prétexte fallacieux de rendre du pouvoir d’achat, et prône un financement pérenne et alternatif visant à préserver l’indépendance du service public.
Alors qu’une proposition de loi visant à réformer la loi sur la concentration des médias doit être déposée par la NUPES, le SNJ appelle de ses vœux une réforme urgente de la loi votée en 1986. De l’aveu même du rapport sénatorial consacré à ce sujet, le besoin de réforme fait consensus parmi les parlementaires.
Si ce rapport de la commission d’enquête sénatoriale a été en deçà de nos espérances, le SNJ signale cependant que la balle est désormais dans le camp du législateur sur certaines propositions comme accorder aux journalistes travaillant dans des agences de presse les mêmes droits que tous leurs confrères en matière de clause de conscience ou de cession.
Alors que les questions éthiques et déontologiques sont ignorées par les entreprises de presse et de médias, le SNJ appelle à renforcer et à rejoindre le CDJM, dont il est membre-fondateur.
Alors que l’inflation galopante n'est absolument pas compensée par une hausse des salaires dans les entreprises de presse et de médias, le SNJ appelle ses adhérents et sympathisants à participer à la mobilisation interprofessionnelle le 18 octobre afin de peser sur les négociations sur le pouvoir d’achat (hausse générale, revalorisation des grilles salariales, notamment pour les piges).
Membre fondateur de l’Union syndicale Solidaires et attaché à un syndicalisme de transformation sociale, le SNJ soutient les grévistes en lutte en France pour leurs conditions de travail, leurs revenus, et pour les libertés syndicales.
Le SNJ est signataire de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique dans l’idée d’améliorer l’information des citoyens sur les questions environnementales. Le SNJ rappelle que ces sujets sont trop souvent survolés, voire ignorés, par les rédactions en chef, malgré le consensus scientifique établi sur les effets déjà visibles du réchauffement climatique.
A quelques jours du 2 novembre, Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, le SNJ appelle le gouvernement français à signer la Convention sur la sûreté et la sécurité des journalistes de la Fédération Internationale des Journalistes. A ce jour, il n’existe aucun instrument international contraignant qui oblige les Etats à assurer la sécurité des journalistes et à enquêter sur les crimes commis contre les professionnels des médias.
Emprisonné depuis 554 jours au Mali par un groupe terroriste, Olivier Dubois est le seul journaliste français retenu en otage. Réuni en congrès à Lyon, le SNJ exige des autorités françaises et maliennes qu’elles mettent tout en œuvre pour obtenir sa libération.