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Communiqués de presse

« Yemen papers » : le secret défense contre le secret des sources des journalistes


Trois journalistes viennent d'être entendus par la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI). Ils étaient convoqués pour « avoir commis ou tenté de commettre l’infraction de compromission du secret de la défense nationale ».



Benoit Collombat de la cellule investigation de Radio France, Geoffrey Livolsi et Mathias Delstal journalistes et co-fondateurs du site Disclose.ngo, ont été entendus les 14 et 15 mai 2019 pendant presque une heure chacun. Ils étaient assistés de leurs avocats. La raison de ces auditions, pour le moins inédites : ils avaient le 15 avril dernier rendu publique une enquête « made in France » comportant des informations et documents « confidentiel défense » relatifs aux armes vendues par la France à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, et utilisées dans la guerre au Yémen. Une guerre qui a fait de très nombreuses victimes civiles.

Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, dénonce ce qui ressemble fort à une tentative d’intimidation contre des confrères qui ont simplement mis au jour des dispositions qui relèvent de l’intérêt général et du droit des citoyens à être informés.

Le SNJ ne peut que s'inquiéter que les faits reprochés aux trois journalistes soient instruits par la « section terrorisme et atteinte à la sûreté nationale » alors qu'ils n’ont révélé aucun élément permettant d’identifier des opérations ou des agents qui y auraient participé.

Le SNJ ne peut que s’indigner de la procédure utilisée par la DGSI qui a pris soin de préciser que les confrères n’étaient pas entendus en tant que journalistes, tentant ainsi de leur enlever la protection légale de la loi de 1881 sur la liberté de la presse !

Le SNJ ne peut que s'étonner que ces convocations ne visent que deux médias, alors que l’enquête a été publiée par d’autres médias dont Mediapart et ARTE.

Le SNJ exige l’arrêt de ces poursuites qui ont pour objet l’identification des sources des journalistes, protégées par la loi et la jurisprudence française et européenne.

Le SNJ remercie les trois confrères d’avoir « porté la plume dans la plaie » en exerçant leur mission au service des citoyens, et leur réaffirme tout son soutien. Il appelle la profession à être attentive à toutes les suites possibles. Le secret défense ne doit pas servir à dissimuler des actes contraires aux traités signés par la France.
 

Paris, le 16 Mai 2019

Thèmes : Information

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