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Section SNJ Ile-de-France

Europe 1

Europe 1 soumet ses pigistes à un violent serrage de vis

Alors que des millions de touristes ont pris la route des vacances en direction du Sud et de l’Ouest, la rédaction d’Europe 1 sera-t-elle en mesure de couvrir l’actualité forcément riche, cet été, dans ces régions ? La question se pose sérieusement depuis que les correspondants pigistes travaillant en province ont découvert les mesures d’économie décidées au printemps par la direction pour réduire les dépenses de piges à Europe 1.

Invoquant une « modification substantielle de leur contrat de travail », trois de ces correspondants pigistes – dont le SNJ a pris la défense – réclament l’application des droits attachés au licenciement. La direction, pour l’instant, fait la sourde oreille.

Changement de politique
Le changement de politique en matière de recours aux pigistes est pourtant indéniable. Jusqu’à présent, en cas d’indisponibilité du correspondant régional en titre (reportage sur un autre événement ou absence pour congés), le pigiste assurant la « doublure » devait être prêt à partir dans l’heure si un événement important survenait dans la région, et fournir des reportages diffusables dans les éditions du jour ou du lendemain matin.

Volume de piges
En échange de cette exigence de disponibilité, la rédaction lui garantissait chaque mois un volume de piges sur des sujets moins chauds (illustration régionalisée d’une actualité nationale, par exemple, ou production de sujets plus magazine pour les tranches d’info du week-end). Rien d’écrit, évidemment, mais la pratique était celle-là depuis plusieurs années et chacun y trouvait son compte : l’assurance d’une couverture immédiate de l’actualité loin de Paris pour la direction d’Europe 1 ; la garantie d’un revenu minimum et à peu près régulier tout au long de l’année pour le pigiste.

Une autre règle appliquée depuis février
Dévoilée officiellement le 25 mai dernier en comité d’entreprise, mais appliquée en réalité depuis le mois de février, la règle, désormais, est tout autre : chaque fois qu’un événement surviendra dans une région éloignée de Paris, le rédacteur en chef devra s’interroger sur ses prolongements potentiels et prendra sa décision en fonction de la réponse : ou bien le sujet semble ne pas devoir donner lieu à plus de trois traitements successifs dans la journée (papiers, sons ou reportages) et c’est le correspondant pigiste qui sera mobilisé ; ou bien le sujet apparaît comme devant prendre de l’ampleur, avec une couverture s’étalant sur plusieurs jours, et dans ce cas, Paris dépêchera immédiatement sur place un envoyé spécial. Quant aux sujets moins chauds commandés tout au long de l’année en contrepartie de l’exigence de la disponibilité absolue des pigistes, on les oublie…

Supplétifs
Les pigistes concernés ont très vite compris ce qu’ils allaient devenir : des supplétifs priés de surveiller à chaque instant leur téléphone « au cas où », mais à qui on pourra dire de rester chez eux si la rédaction juge que l’événement à couvrir revêt une importance justifiant l’envoi immédiat d’un reporter de Paris. Frustrante sur le plan professionnel, cette nouvelle politique se révèle surtout ravageuse sur le plan financier : pour satisfaire l’exigence d’une disponibilité absolue vis-à-vis d’Europe 1, plusieurs de ces pigistes n’ont pas été en mesure de diversifier leurs employeurs et se retrouvent aujourd’hui pris au piège avec un effondrement de leurs piges : moins 60 % à moins 70 % depuis le début de l’année par rapport au niveau moyen de l’année dernière. Commentaire de l’un d’eux : « ça fait bizarre de naviguer tout à coup entre le RSA et le Smic quand on arrive quelque part et qu’on représente Europe 1 »…

Reconnaître la rupture du contrat
D’où la volonté de clarification exprimée par trois d’entre eux. Ils demandent à Europe 1 de reconnaître la rupture de leur contrat de travail du fait de l’employeur. Demande ignorée pour l’instant par la direction qui feint de ne pas voir où est le problème, et qui mise sur le fait qu’à l’approche du mois d’août, les pigistes en question ne voudront pas passer à côté des fortes commandes de papiers et reportages liés aux vacances d’été. Réponse des trois journalistes : pas question de se laisser amadouer pour un seul mois de piges, fût-il pléthorique, quand les lendemains sont déjà écrits. Depuis quelques jours, la direction d’Europe 1 semble moins sereine, craignant de ne pouvoir faire face à une forte actualité dans les régions où résident les trois pigistes. En l’occurrence la vallée du Rhône, les Alpes et la Bretagne. Bref, des régions où, c’est bien connu, personne ne part en vacances…

Olivier Samain, DS SNJ Europe 1

Lire aussi sur le site du SNJ Ile-de-France.

Paris, le 30 Juin 2015

Thèmes : Médias audiovisuels

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