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Communiqués de presse

« La nomination de Geoffroy Lejeune menace directement l'éthique et l'indépendance journalistique du JDD»


Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, a participé au meeting organisé par RSF, mardi 27 juin, au Théâtre Libre à Paris, en soutien et en solidairité avec la rédaction du Journal du Dimanche. Antoine Chuzeville, secrétaire général du SNJ, a lu avec les autres représentants des synsdicats de journalistes, la déclaration suivante.



Nous nous exprimons ici au nom de l’intersyndicale journalistes qui regroupe le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes. Merci d’abord à RSF pour l’organisation de cette soirée en partenariat avec le collectif StopBolloré dont nous sommes membres. L’heure est grave et c’est pour nous – syndicats de journalistes - un moment décisif.

La nomination de Geoffroy Lejeune menace directement l'éthique et l'indépendance journalistique : son travail à Valeurs Actuelles a montré combien les faits lui importaient peu et pouvaient être manipulés pour servir un agenda et un programme d'extrême-droite. Ce n'est pas le rôle des journalistes de servir une stratégie politique.

Il faut d’abord saluer la lutte exemplaire de nos collègues du JDD qui se sont levés – de manière quasi unanime - contre ce nouveau coup de force de Vincent Bolloré et d'Arnaud Lagardère. Et qui, après l’effet de sidération qui nous a toutes et tous saisi, ont décidé de mener le combat de manière responsable et déterminée. Un peu à l’image de l’hebdo du dimanche auquel nous tenons.

Un combat difficile car il se mène alors que d’autres batailles ont déjà été perdues face à la volonté de Vincent Bolloré de faire des médias qu’il rachète une vitrine de ses idées réactionnaires. On pense bien sûr aux collègues d’iTélé, de Canal+, d’Europe1, qui se sont révoltés, défendant l’honneur et le sens de notre métier. Mais avec à chaque fois la même issue désastreuse. Les journalistes partent et leurs représentants –membres de nos syndicats - se chargent de négocier ces départs du mieux possible…

Combien de temps cela va-t-il durer ? Comment est-il possible qu’un directeur d’une rédaction puisse être imposé alors que 99% des journalistes de la même rédaction s’y opposent ? Comment est-ce possible qu’un autre milliardaire – M. Arnault en l’occurrence - veuille remettre en cause les garanties d'indépendance du quotidien économique Les Echos obtenues de haute lutte lors du rachat par LVMH en 2007 (quand, dans le même temps, LVMH nomme à la direction éditoriale d'Historia Franck Ferrand, un autre collaborateur de Valeurs Actuelles). Nous tenons aussi à saluer la lutte menée par la rédaction des Echos.

Alors non, Mme la Ministre de la Culture, un tweet ne suffit pas. Regretter et être solidaire de la rédaction du JDD n’est pas à la hauteur de l’urgence. Quand l'indépendance des rédactions est en jeu, quand la liberté de la presse est menacée, les paroles ne suffisent pas : nous exigeons des actes !

Les dirigeants politiques qui soutiennent aujourd'hui la rédaction du JDD, où sont-ils quand il s'agit de voter des lois pour protéger les journalistes ? Il faut agir et vite.

Cela fait des années que nous réclamons :

  • De revoir de fond en comble la loi Bloche de novembre 2016 sur l’indépendance des rédactions ;
  • D’accorder enfin un statut juridique à l’équipe rédactionnelle afin que M Lejeune, ou d'autres, ne puissent être imposés contre l’avis d’une rédaction ;
  • De conditionner les aides publiques à des règles éthiques et sociales ;
  • Et bien sûr de revoir les règles anti-concentration afin de sortir la presse de l’ornière dans laquelle elle se trouve. 

 

Ces réformes sont aujourd'hui indispensables pour permettre aux journalistes de jouer leur rôle dans notre démocratie.

 

Paris, le 27 Juin 2023

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