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Communiqués de presse

[Fédération internationale des journalistes]

Ukraine: « Nous resterons à l'écoute des besoins de nos affiliés jusqu’à ce qu'ils puissent travailler dans la paix et la justice »


Un an après l'invasion de l'Ukraine par la Russie ce 24 février, le secrétaire général adjoint de la FIJ, Jeremy Dear, qui coordonne la réponse d'urgence de la FIJ/FEJ à la situation en Ukraine, partage les succès et les défis d'une année de travail inébranlable pour soutenir nos affiliés locaux et les journalistes ukrainien.ne.s sur le terrain, ainsi que le besoin urgent de collecter davantage de fonds dans le cadre d'une guerre qui s'éternise. Faites un don au fonds de sécurité FIJ/FEJ pour les journalistes en Ukraine.


 

Pouvez-vous décrire la réaction des affiliés de la FIJ-FEJ et de la communauté journalistique lorsque la FIJ-FEJ a lancé il y a un an le Fonds spécial de sécurité pour les journalistes en Ukraine ?

C'était phénoménal. Nous parlons souvent de solidarité internationale, mais le lancement du fonds de sécurité a clairement illustré ce que cela signifie dans les faits. Il ne s'agit pas seulement de l'argent récolté - la somme la plus importante jamais récoltée lors d’un appel au don - mais aussi de l'aide pratique apportée par nos affiliés en Pologne, en Grèce, en Lituanie et dans d'autres pays. Les dons ont afflué, tant de la part des particuliers que des affiliés et des organisations de soutien aux médias. D'autres partenaires, dont l'UNESCO, ont apporté un soutien extraordinaire. 

 

Décrivez le travail réalisé par la FIJ et la FEJ avec leurs affiliés locaux, l'Union nationale des journalistes d'Ukraine (NUJU) et le Syndicat indépendant des médias d'Ukraine (IMTUU), ainsi qu'avec des organisations partenaires telles que l'UNESCO, pour aider les journalistes et les travailleur.euse.s des médias ukrainien.ne.s depuis l'invasion russe de l'Ukraine.

Grâce aux fonds récoltés, notamment par le biais de 3 projets majeurs soutenus par l'UNESCO, nous avons pu créer un réseau de 6 centres de solidarité pour journalistes gérés par le NUJU et qui fournissent des équipements de protection, des kits de premiers secours, des conseils et des formations en matière de sécurité. Ils donnent également accès à des services de soutien psychologique et juridique, à des services de soutien spécifiques pour les femmes journalistes et les journalistes indépendant.e.s biélorusses et offrent aux journalistes des régions occupées ou dont les médias ont été détruits des espaces de travail afin qu'ils puissent continuer à documenter l'impact de la guerre. Nous avons également été en mesure de fournir une série de subventions humanitaires - à la fois à partir de notre Fonds de sécurité et grâce au soutien du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de l'UNESCO.

 

Comment le Fonds de sécurité pour les journalistes en Ukraine de la FIJ-FEJ a-t-il été utilisé ? Pourquoi est-il nécessaire de continuer à récolter des fonds ?

Les derniers chiffres montrent que nous avons déjà dépensé des centaines de milliers d'euros pour soutenir les centres de solidarité des journalistes, dont environ 180 000 euros pour l'approvisionnement en gilets pare-balles et casques, près de 50 000 euros en subventions humanitaires d'urgence, 21 000 euros pour soutenir les médias locaux, 15 000 euros pour l’approvisionnement d'équipements techniques permettant aux journalistes de continuer à travailler, plus de 25 000 euros pour le soutien juridique et psychologique, plus de 11 000 euros pour la formation à la sécurité, ainsi que des dizaines de milliers d'euros pour le personnel et le fonctionnement des centres qui constituent un soutien essentiel pour les journalistes ukrainien.ne.s et internationaux.

Nous essayons de répondre aux besoins les plus urgents de nos affiliés ukrainiens à chaque étape de la guerre, mais ce que nous pouvons faire n'est jamais suffisant face à des besoins toujours immenses. En travaillant avec d'autres partenaires, nous avons pu amplifier l'impact de notre action, mais la guerre entre dans une nouvelle phase et il est urgent d'aider les journalistes et les médias dont les bureaux ont été fermés ou détruits, ceux et celles qui n'ont pas de revenus ou qui se trouvent dans des territoires occupés ainsi que celles et ceux qui sont blessé.e.s ou ont besoin d'un soutien juridique et psychologique. Chaque euro collecté sert à répondre à ces besoins vitaux.

 

Pouvez-vous décrire comment les fonds ont été principalement utilisés il y a un an, suite au déclenchement de l'attaque russe, et comment ils sont utilisés aujourd'hui dans le contexte de la guerre, afin d'illustrer comment les besoins des journalistes en Ukraine ont pu changer ?

À chaque étape de la guerre, nous avons convenu avec nos affiliés ukrainiens des priorités qui ont évolué au fur et à mesure des différentes phases de la guerre. Immédiatement après l'invasion, notre travail s'est concentré sur l’approvisionnement de gilets et de casques de protection pour la presse et des kits de premiers secours. Nous avons contribué à l'élaboration de stratégies visant à assurer l'évacuation des journalistes des territoires occupés et à leur fournir des conseils de sécurité et des formations d'urgence. Nous avons également aidé nos deux affiliés à quitter Kiev pour s'assurer qu'en cas de bombardement ou d'occupation majeure, ils pourraient continuer à apporter leur soutien à leurs membres et à mettre en place une ligne d'assistance téléphonique pour les journalistes dans le besoin.

Dans un deuxième temps, nous avons entrepris de créer des centres de solidarité pour les journalistes dans trois régions afin de regrouper l'aide aux journalistes qui en ont besoin. Nous avons augmenté le nombre de formations proposées et commencé à offrir des espaces où les journalistes en danger ou ayant besoin d'un soutien pouvaient venir trouver de l'aide, qu'il s'agisse d'une aide juridique ou psychologique, d'un soutien du syndicat concernant les questions d'accréditation ou d'autres besoins professionnels.

Nous avons maintenant étendu le réseau à six centres de solidarité - dont le dernier en date se trouve dans la ville de Zaporizhzhia, située sur la ligne de front - qui offrent de nombreux services, allant de l'accès à un soutien psychologique 24 heures sur 24, à la possibilité d'accéder à des équipements de protection et à des ordinateurs, à des caméras professionnelles, à des formations sur un nouvel éventail de questions, notamment la sensibilisation et les protocoles relatifs aux mines terrestres et aux menaces nucléaires.

Nous avons également été en mesure d'augmenter le nombre de subventions accordées aux journalistes qui ont dû quitter les territoires occupés, qui n'ont pas de travail ou qui ont des besoins urgents. Nous espérons pouvoir nous associer au PAM et à l'UNESCO pour offrir davantage de bourses à l'avenir.

 

De nombreux journalistes russes ont fui la Russie.  Avez-vous été en mesure de les aider ?

Oui. Grâce au Fonds de sécurité, nous avons pu apporter notre soutien à certain.e.s des journalistes actuellement en exil dans un certain nombre de pays. Nos affiliés dans les pays voisins ou les pays d'accueil ont également été extraordinaires en apportant leur soutien aux journalistes contraint.e.s de fuir. Il est important de noter que nous avons également pu délivrer des cartes de presse internationales à nombre d'entre eux et elles, ce qui leur permet de travailler plus facilement et de prouver leur statut de journaliste.

La FIJ a publié une série de conseils sur la sécurité des médias à l'intention des journalistes couvrant le conflit armé en Ukraine, en réponse à l'explosion de la violence et au nombre de journalistes étrangers qui se rendent sur place sans préparation ni équipement  pour couvrir la guerre. Que doit faire/savoir un.e journaliste souhaitant couvrir le conflit avant de se rendre en Ukraine ?

Au début de la guerre, nous avons été surpris par le nombre de journalistes voyageant sans préparation - sans équipement de protection adéquat, sans assurance, sans formation. Il ne s'agissait pas seulement de jeunes journalistes freelances espérant se faire un nom, mais souvent de journalistes travaillant pour de grandes organisations médiatiques.

Les journalistes devraient au minimum avoir reçu une formation, s’assurer correctement, disposer d’équipements de protection et de communication adéquats et avoir procédé à des évaluations de risques appropriées. Dans nos conseils sur la sécurité des médias, nous mettons en exergue d'autres questions clés concernant la sécurité numérique, l'archivage des articles, la protection des contacts et bien plus encore. Les employeurs ont un devoir de diligence à l'égard des personnes qu'ils emploient - qu'il s'agisse de personnel ou de freelances - et il est essentiel qu'ils respectent ce devoir.
 

Quelles sont désormais les priorités de la FIJ pour l’Ukraine ?

Notre dernier projet vise à aider à rétablir les médias dans les zones qui ont été libérées afin que les journalistes puissent recommencer à rendre compte de l'impact de la guerre, aider à documenter les crimes de guerre et fournir aux citoyens et citoyennes des informations essentielles.

Par-dessus tout, nous resterons à l'écoute des besoins de nos affiliés ukrainien.ne.s et continuerons à leur apporter toute la solidarité possible et à les soutenir jusqu'à ce qu'ils puissent travailler dans la paix et la justice.

 

Bruxelles, le 08 Février 2023

Thèmes : International (FEJ, FIJ)

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